Selon des statistiques récentes, une personne qui vivrait jusqu’à 80 ans passerait en moyenne 72 ans de sa vie à l’intérieur d’un bâtiment. Pas uniquement pour y habiter, mais également pour travailler, étudier ou pour ses loisirs. A la lumière des événements récents tels que la pandémie ou les effets du réchauffement climatique, de plus en plus de gens souhaitent vivre dans un environnement non seulement confortable mais aussi meilleur pour la santé. Les architectes réfléchissent donc dès les premières étapes de la conception sur la qualité de l’air, la lumière et l’utilisation de produits naturels. Évidemment cela implique de choisir des matériaux sains et de préférence écologiques mais aussi d’éviter ceux qui auraient des composants nocifs pour la santé.

Lorsque nous parlons de santé aujourd’hui, il est indispensable d’en connaître la définition. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, c’est “un état de bien être physique, mental et social”. Aussi, il est impératif d’inclure les notions de bien-être social et psychologique à celles purement médicales et physiques. On ne peut pas non plus parler de santé sans soulever la question de l’environnement et du développement durable qui entre aussi dans l’équation.

Il est souvent surprenant d’apprendre que la pollution de l’air est plus élevée à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est donc important de le savoir et de comprendre d’où elle vient, étant donné que celle-ci est difficile à détecter. Des micro-organismes tels que les moisissures et les champignons peuvent se développer dans les environnements humides et chauds. Des allergènes peuvent provenir d’insectes, de rongeurs ou même des animaux domestiques. D’autres dangers invisibles comme le CO2 ou les composés organiques volatils (COV) peuvent provenir des matériaux de construction, des meubles ou des produits d’entretien. Tous ces polluants sont un danger pour la santé, surtout si ceux-ci s’accumulent. Aujourd’hui, on estime que la mauvaise qualité de l’air intérieure est la cause de 50% des maladies respiratoires. 

De nos jours, des solutions existent en architecture pour éliminer ou minimiser ces polluants intérieurs et améliorer la qualité de l’air que nous respirons. Voici certains exemples de matériaux sains, présentés en fonction de leur utilisation. 

La structure

Le bois est l’un des matériaux conventionnels les plus bénéfiques en termes de santé physique et de bien-être psychologique. Des études suggèrent que la présence de bois dans l’environnement intérieur contribue à faire diminuer le niveau de stress des individus, encore davantage que la présence de plantes. Les pièces composées à plus de 45% de bois contribuent à une bonne tension artérielle ainsi qu’à une meilleure performance cognitive. Le bambou par exemple, est perçu comme un matériau apaisant, qui réduit l’anxiété et le stress tout en améliorant la concentration. C’est également un matériau très durable qui ne requiert pas d’engrais, qui se régénère rapidement et qui, comparé à d’autres arbres, produit 35% d’oxygène en plus par an tout en absorbant 12 tonnes de CO2 par hectare. 

Même si celui-ci n’est pas naturel, l’acier inoxydable est aussi une bonne alternative lorsqu’il s’agit de créer des environnements sains. En effet, ce matériau est recyclable à l’infini et n’émet aucune toxine, ce qui explique son utilisation en cuisine notamment. 

Les revêtements de sol

Les surfaces massives sont souvent de meilleures alternatives que la moquette ou les sols stratifiés. En effet, les moquettes ont tendance à capter les polluants et ne peuvent jamais être parfaitement nettoyées et les sols stratifiés peuvent libérer des taux de formaldéhyde problématiques pour la santé. Il est donc recommandé d’utiliser des planchers en bois ou bien des carreaux avec un mastic à faible teneur en COV, comme la céramique, la porcelaine ou les carreaux en verre. Si le choix se porte sur la moquette, celles en laine avec un rembourrage en feutre fabriquées à partir de matériaux naturels et sans produits chimiques, sont moins toxiques. La pose doit également s’effectuer en utilisant des produits non nocifs ou des systèmes de crochets qui ne requièrent aucun adhésif. 

Les cloisons et revêtements muraux

Le “Environmental Working Group” conseille d’éviter les cloisons fabriquées avec du plâtre synthétique car celui-ci est produit à partir de déchets de l’exploitation du charbon. Ce plâtre peut être contaminé par du mercure, du soufre ou des composés organiques volatils (COV) qui sont libérés dans l’air. A la place, les architectes peuvent utiliser des alternatives recyclables et durables ou même des technologies innovantes telle que des cloisons anti COV, qui absorbent les contaminants à hauteur de 70%. 

Le choix de la peinture murale est importante puisque celle-ci peut impacter positivement l’humeur des habitants. La peinture émet des vapeurs nocives pendant de longues périodes. Heureusement, les technologies ont évolué et des alternatives plus saines ont vu le jour, comme les peintures dépolluantes, même si ces dernières ne peuvent pas être garanties à 100% non toxiques. Des peintures constituées de pigments naturels et fabriquées à la chaux, à l’argile ou même à la caséine existent afin de s’assurer qu’il n’y ait aucun produit chimique ajouté. 

L’isolation 

Pendant plus d’un siècle, les habitations étaient majoritairement isolées avec de la laine de verre, qui peut causer des problèmes respiratoires et des inflammations de la peau ou des yeux. Il est donc essentiel d’utiliser des matériaux isolants durables qui ne contiennent pas d’ignifugeant chimique et qui ne relâchent pas de composés organiques volatils. La laine de mouton, le coton, le liège, la cellulose ou même les racines entrent dans ces critères. Ces matériaux proviennent de ressources naturelles et ne requièrent que très peu d’énergie pour les produire, contrairement à la laine de verre.

En 2023, nous sommes réellement en marche vers une architecture plus saine, plus sécure et plus durable. Afin d’ancrer ces principes dans la réalité, les architectes ne cessent de développer des stratégies de conception orientées vers le bien-être des individus et le développement durable en privilégiant des matériaux naturels et non toxiques et des mises en oeuvres écologiques et moins polluantes.