Les biais cognitifs dans le recrutement
Une étude récente menée à la NYU à New York a rapporté que les recruteurs décident d’embaucher un candidat durant les 16 premières minutes de l’entretien. 25%…
Avant, c’était surtout les compétences professionnelles qui étaient minutieusement scrutées par les recruteurs, communément appelées Hard Skills en anglais. Désormais, les Soft Skills ont tout autant d’importance à leurs yeux. Afin d’obtenir un emploi, l’intelligence comportementale est un facteur indissociable des compétences strictement techniques. Que ce soit au niveau de l’attitude, de la capacité de mener une équipe, de faire preuve d’inventivité, bref, toutes ces choses que l’on n’apprend pas dans les bouquins ou à l’école.
LinkedIn a publié en 2016 un manifeste stipulant que les recruteurs se penchent plus sur les Soft Skills que sur les stages réalisés au cours d’une carrière de Junior. Les postes où l’on reste stationnaire derrière son écran, sans jamais en bouger n’existent quasiment plus. A l’heure où la Sharing Economy commence à atteindre des sommets (d’ici 20 ans cette économie ne représentera rien de moins que 250 milliards d’euros chez nos voisins d’outre-manche), c’est effectivement la collaboration qui prime en entreprise.
On ne travaille plus sur des ‘’dossiers’’ mais sur des ‘’projets’’. Et qui dit projet dit équipe. Ainsi, afin d’être un bon chef de projet, il faut savoir manager une équipe et pour cela, certaines Soft Skills sont indispensables.
Nombreuses sont les entreprises lors de sessions de recrutement à tester en direct les capacités des candidats. En deux heures, les candidats doivent résoudre un problème. Et c’est là que les Soft Skills entrent en jeu. Les réactions sont étudiées minutieusement : qui va s’intégrer rapidement ? Qui prend le lead ? Qui communique facilement et de la bonne manière ?
Bien entendu, les diplômes jouent toujours un rôle important dans le processus de recrutement. C’est d’ailleurs une caractéristique très française. Néanmoins, il s’avère que le mode de fonctionnement des Start-ups a bouleversé les règles établies. Car dans ces entreprises en devenir où chaque initiative compte, on a souvent vu des gens réussir avec des backgrounds à l’opposé des profils habituels.
Mais n’ayez crainte, les Softs Skills sont comme des muscles, il est possible de les développer, mais surtout de les mettre en valeur lors des entretiens.
« Si j’ai organisé un événement pour 150 personnes, je pourrai expliquer que j’ai fait appel à ma persévérance pour trouver des sponsors, ou encore à ma créativité pour capter l’attention du public. »
« Dans un monde changeant, où des métiers disparaissent et d’autres naissent, les compétences techniques peuvent devenir obsolètes, pas les compétences humaines ».
Au lieu de dire uniquement que vous avez été assistant(e) commercial dans telle ou telle entreprise, il est préférable de mettre en avant quelles sont les capacités que vous aviez avant cette expérience, celles que vous avez développé quand vous étiez à ce poste ainsi que les leçons que vous en avez tiré. ‘’Savoir gérer des budgets et des deadlines’’ peut très bien se transformer en ‘’ Savoir prévoir sur le long terme, faire preuve d’anticipation et d’adaptabilité’’
D’ailleurs, l’adaptabilité est l’une des compétences qui a la cote chez les employeurs, car 61% d’entre eux l’ont plébiscitée sur LinkedIn suivie par la positivité, la créativité et l’esprit d’équipe.
Michelle Weise, directrice du laboratoire de stratégie et d’innovation de l’université américaine du New Hampshire explique que les recruteurs ont besoin de techniques afin de mieux visualiser les qualités des candidats. C’est pour ça qu’il n’est pas rare que des questions surprenantes soient parfois posées en entretien. En voici un exemple :
« Vous roulez seul de nuit au travers d’une forêt lors d’une soirée particulièrement pluvieuse. Il n’y a que deux places dans votre voiture. La vôtre et celle du passager à votre droite. Soudain sur le bord de la route vous voyez quelqu’un vous faire de grands signes, vous vous arrêtez. Il s’agit là d’un ami d’enfance que vous n’avez pas vu depuis des années. Derrière lui se trouve une vielle dame qui a besoin d’être amenée à l’hôpital. A coté de cette dame, se trouve votre amour de jeunesse.
Il pleut à torrent et vous ne pouvez pas faire monter tout le monde en voiture. Que faites-vous ? Choisissez-vous votre ami ? La veille dame ? Votre amour de jeunesse ? »
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question, néanmoins il est possible de se faire une idée sur l’état d’esprit de la personne selon sa réponse.*
C’est aussi pour cela que des programmes d’intelligence artificielle ont vu le jour dans les processus de recrutement. Certains les répriment totalement pendant que d’autres estiment que c’est le meilleur moyen de dénicher les talents de demain. A l’heure où toutes nos données sont analysées pour en extraire l’essence, ces pratiques seraient déshumanisantes ou alors totalement novatrices – à vous de voir de quel côté vous penchez.
*Laissez le volant à votre ami d’enfance afin qu’il accompagne la vieille dame à l’hôpital, ainsi vous pourrez passer du temps avec votre amour de jeunesse…