En réponse aux vitrines occultées par des panneaux de contreplaqué l’année dernière à New York, le studio Worthless a lancé un projet de création artistique, en demandant à des artistes et designers de transformer ces déchets en œuvres d’art publiques. Deux cent planches de contreplaqué ont ainsi été collectées et réutilisées pour ce projet. Pour Neil Hamamoto, fondateur du studio Worthless, il s’agit d’inciter les artistes à s’engager auprès de leur communauté pour raconter la force de la ville avec la mise en œuvre symbolique de ce matériau autrefois défensif.
L’artiste Tanda Francis présente ici les identités noires comme étant divines et fondatrices de notre humanité commune. Inspirée par des jarres en céramique et l’ondulation des vagues, « Rockit Black » a la forme d’une silhouette noire et austère, installée au bord de la rivière comme une déesse protectrice. Cette œuvre est une fusion entre les sculptures monumentales d’inspiration africaine et un monde virtuel au potentiel sans limites qui intègre la musique, la vidéo et d’autres formes de création collaborative. L’artiste Tanda Francis, basée à Brooklyn, voit les rituels et les coutumes enracinées dans un passé ancestral, comme un moyen de mieux comprendre la condition actuelle et future de l’humanité pour activer un dialogue universel et franchir les barrières culturelles.
La sculpture Open House prend la forme d’une scène dans laquelle les artistes de théâtre pourront se produire en extérieur, après une année de pause due à la crise sanitaire. « Dites à un écrivain de créer sans pages à noircir, essayez de faire un film sans caméra, enlever nos scènes, c’est enlever notre art. Je voulais créer une œuvre qui pourrait capter et faire réfléchir sur la façon dont cela affecte les artistes de théâtre, tout en préparant New York pour l’avenir » relate Tony Dibernardo. Les scènes ouvertes seront les nouveaux lieux où les gens pourront se rassembler en toute sécurité. Ils regarderont les performances des artistes qui fouleront le même contreplaqué utilisé pour fermer de nombreux théâtres à New York. Tony Dibernardo a plus de 5 ans d’expérience comme décorateur professionnel à Broadway, au cinéma et à la télévision.
Behin Ha Design Studio propose une sculpture de mégaphone à grande échelle. Les panneaux de contreplaqué sont positionnés en facettes pour se rapprocher de la forme conique de l’instrument et assemblés géométriquement pour former le cadre qui le soutient. Le mégaphone géant est implanté sur une place entourée d’un palais de justice et de bâtiments fédéraux. La sculpture souligne la résilience de la ville de New York et invite à l’espoir et l’optimisme. Ce matériau, utilisé comme barrières lors de manifestations, célèbre la liberté d’expression et l’engagement civique. Behin Ha Design Studio est une agence d’architecture fondée par Behrang Behin et Ann Ha. Une partie importante de leur travail consiste à concevoir et à construire des installations d’art public afin d’expérimenter des matériaux, des concepts, des formes à d’autres échelles que le projet architectural.
L’équipe KaN + Mardok a créé une œuvre interactive représentant des portes et plusieurs silhouettes découpées dans du contreplaqué et habillées de collages et de photographies. Les gens peuvent passer à travers les différents portails et retrouver l’énergie des manifestations de 2020, citoyens de toutes les ethnies et genres luttant pour la liberté et la justice envers la population noire. L’équipe de paysagistes KaN + Mardok a également collaboré avec le Bronx River Art Center sur un programme axé sur l’art public et l’activisme. Elle crée des infrastructures et des paysages vivants intégrant des composantes artistiques, durables et éducatives, en portant la vision des communautés et en les accompagnant dans des processus créatifs.
L’oeuvre de Michael Zelehoski s’inspire des obélisques égyptiens, traditionnellement construits par paire selon les valeurs égyptiennes d’équilibre et d’harmonie. Les divins féminins et masculins étaient représentés côte à côte de manière égale. Un seul obélisque est venu par la suite représenter l’hégémonie masculine. Avec cette réinterprétation de ce symbole, l’artiste montre la puissance de la protestation et propose une réconciliation des extrêmes. Michael Zelehoski a participé aux manifestations contre Pinochet puis contre la politique étrangère de Bush. Avec d’autres artistes, ils ont tordu des centaines de clous pour les répandre sur le chemin qu’empruntaient les autorités. Michael Zelehoski vit et travaille désormais à New York. Il démonte les objets qu’il trouve et les réduit en centaines de fragments pour les incorporer dans des surfaces planes. Certaines de ses œuvres sont exposées au Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou à Paris.
