Katsufumi Kubota est un architecte japonais avec une écriture architecturale très soignée qui est contemporaine tout en reflétant l’esprit de l’architecture japonaise traditionnelle. L’une des principales caractéristiques de son architecture est une manière très intéressante de déployer la méthode origami dans son architecture. Nous étions intéressés d’apprendre comment M. Kubota exprime cet esprit japonais dans ses conceptions contemporaines et comment il adapte la méthode origami de pliage du papier à l’architecture.

Katsufumi Kubota: Mon architecture est basée sur l’architecture japonaise traditionnelle, qui utilisait traditionnellement beaucoup de bois et de papier: c’est une architecture très légère. L’architecture japonaise vivait avec la nature, l’homme et l’architecture vivaient avec la nature, c’est le principe de base de l’architecture japonaise traditionnelle. Tandis que l’architecture moderne, afin de résister aux catastrophes naturelles, est devenue plus rigide et plus lourde. Il s’agit plus d’un style européen qui utilise beaucoup de fer, de béton et d’acier. Mon idée est donc d’utiliser ces matériaux contemporains pour alléger mon architecture.

Yeva Ess: Et quelles sont techniquement et pratiquement les méthodes que vous utilisez pour exprimer ces idées de l’architecture japonaise traditionnelle dans vos conceptions?

K.K. Les colonnes et les poutres sont intégrées dans la coque, la couverture extérieure du bâtiment. Afin de rendre l’architecture légère, j’essaie de cacher les poutres et les colonnes dans la coque, ce qui peut être considéré comme mon savoir-faire technique. Dans l’architecture traditionnelle japonaise, les poutres et les colonnes sont très minces, ce qui est une autre expression de la relation étroite entre l’architecture et la nature. Dans les
temps modernes, ces éléments sont devenus très imposants et se sont ainsi éloignés de la nature. Je veux me rapprocher de l’architecture traditionnelle qui est une architecture liée à la nature. C’est pourquoi je cache les colonnes et autres éléments structurels dans la coque. Par cela, je resserre la relation entre l’homme et la nature.

Y.E. Comment en êtes-vous venue à cette idée structurelle de faire du bâtiment une coque?

K.K. Ce que vous appelez coquille, c’est de l’origami dans mon esprit. Beaucoup de mes bâtiments sont inspirés de l’origami, ce qui signifie qu’une feuille de papier devient une structure pour protéger les êtres humains.

Y.E. Comment faire pour que l’architecture se sente proche de l’homme?

K.K. En créant un bâtiment où les gens peuvent sentir la lumière, le vent, l’eau. Dans le bâtiment, il y a une réflexion de la lumière, vous pouvez sentir le vent dans les couloirs et parfois j’utilise de l’eau à l’intérieur pour faire sentir aux gens qu’ils sont près d’une rivière. Dans mon esprit, le but de l’architecture japonaise traditionnelle ou même contemporaine ou moderniste est d’être légère et de faire se sentir les gens légers.

Y.E. Vous disposez d’une méthode structurelle très intéressante pour le facettage des bords des murs ou des dalles de toit. Pourquoi faites-vous cela, est-ce dans un but constructif ou tectonique?

K.K. Le facettage des bords a pour but de rendre les dalles et l’ensemble du bâtiment plus légers et ressemblant à du papier, mais c’est plus à des fins de conception que de construction.

Y.E. Ce que j’appelle un bâtiment «couvert par la coque » est un principe structurel très populaire parmi les architectes du monde entier. Quelle est, selon vous, la différence de votre approche par rapport à celle des architectes occidentaux?

K.K. Mon but en utilisant ce principe structurel est de rendre mes bâtiments légers et proches de la nature. Dans le cas d’autres architectes, je dirais qu’ils s’y réfèrent pour rendre leur architecture intelligente, agréable. Ce n’est pas la même approche que la mienne.

Interview réalisée par Yeva Ess.