Hugo Gasnier a toujours été fasciné par la matière, l’espace, et la sculpture. Après avoir penché pour les Beaux-Arts, il entre finalement l’école d’architecture de Grenoble, et se forme au CRAterre, incarné dès la première année par le professeur Patrice Doat. Il découvre les architectures du monde, les dessine, les construit. Il pénètre dans le monde particulier de la construction en terre, matière de prédilection de l’enseignant, pour comprendre plus largement comment concevoir et construire. Dans le Master Cultures Constructives, il touche aussi à l’acier, au bois, à la pierre et apprend en bâtissant à l’échelle 1 dans les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau. S’il partage la philosophie d’un travail qui nécessite un ancrage local fort, qui reste proche des modes de construction écologiques et locaux, il veille aussi à internationaliser son parcours d’études.

L’attrait pour la pédagogie et l’international

Une année Erasmus en Belgique marque le début de nombreux autres déplacements internationaux réalisés dans l’optique d’apprendre sur la matière, de rencontrer des homologues, et toujours avec CRAterre. Des workshops en Palestine, en Autriche, puis en Chine et en Australie sont organisés par la formation spécialisée qu’il suit pendant deux ans à L’ENSAG (DSA terre). Il commence à enseigner auprès de Patrice Doat en première année d’architecture, et intègre progressivement le laboratoire CRAterre. L’équipe d’architectes, d’enseignants, de chercheurs, marque fortement sa vision de la discipline, l’ouvre aux autres corps de métier, et le jeune diplômé se fait le messager des préceptes du groupement : « C’est lorsque l’on comprend la technique que l’on se libère de la conception », et : « La terre, c’est simple, elle est là sous nos pieds ». Ainsi, pour Hugo Gasnier, l’international n’est pas un but en soi mais fait partie de la culture dans laquelle il baigne depuis plus de dix ans.

Réseau d’experts internationaux

Suite au DSA, il obtient une bourse de l’Ordre des architectes américains (AIA) pour étudier les architectures en terre entre l’Arizona, l’Utah, le Nouveau- Mexique et la Californie. Ses interviews d’architectes, rencontres d’artisans, et participations aux chantiers, lui révèlent le fossé culturel entre les occidentaux qui ne stabilisent pas ou peu les constructions en terre, et les anglo-saxons pour qui il serait une hérésie de livrer un édifice en proie à la décomposition naturelle. Aujourd’hui salarié du laboratoire CRAterre, il est chargé de réceptionner les demandes des architectes français et internationaux qui souhaitent mettre en œuvre des projets en terre. Il participe régulièrement à des missions à l’étranger ou dans les DOM-TOM : au Bénin pour former des architectes et des entreprises, au Sénégal pour des recherches sur les roseaux Typha, et à Mayotte pour de l’assistance technique sur le Bloc deTerre Comprimé. Sous la direction d’Hubert Guillaud, un des fondateurs du CRAterre, il a débuté une thèse en 2015 sur le thème des terres de déblais comme ressource pour la construction des villes éco-responsables. Sa réflexion sur la matière continue sa route vers des échelles d’analyse élargies. Il enseigne toujours à Grenoble, et souhaite poursuivre dans cette voie et parmi ceux qui ont entretenu sa vocation : CRAterre.

Portrait réalisé par Laura Rosenbaum – Architecte DEHMONP – Docteur en Sociologie