Cyrille Hugon garde un souvenir prégnant de l’architecture de Dijon, sa ville natale. Dès ses 5 ans il dessine en atelier périscolaire, et à peine plus âgé, s’éprend pour la sculpture sur pierre. Son goût artistique le mène naturellement à l’école nationale des Beaux-arts de Dijon, grâce à laquelle il expérimente une première expérience internationale à l’Académie des Beaux-arts de Budapest, lors d’un workshop prolongé en séjour Erasmus. Se développe alors chez lui un intérêt particulier pour les cultures des pays postsoviétiques. L’étudiant poursuit son apprentissage en intégrant la prestigieuse école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. En quête de spatialité, il s’inscrit à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marne-La-Vallée, tout en travaillant à temps partiel pour des industriels de l’ameublement.

Des grandes agences parisiennes aux grandes agences chinoises

Pour faire ses armes, Cyrille Hugon choisit délibérément les grandes agences parisiennes : Architecture Studio, Valode & Pistre, puis AREP, l’agence d’études des gares. Présente en Asie grâce au programme présidentiel de Jacques Chirac « 150 architectes, urbanistes, paysagistes en France 1998-2005 », AREP conçoit la gare Sud de Shanghai, et fait participer l’architecte à la supervision du chantier. Il constitue sur place un réseau de partenaires chinois, et reçoit une proposition d’emploi de la part de l’agence A+H à Pékin. Offre acceptée, il déménage d’abord seul, puis en famille. Sa femme, chanteuse d’opéra, s’intègre vite à la communauté française, donne des cours de chant, et réalise des tournées à l’Opéra de Pékin et de Shanghai. Cyrille Hugon devient finalement Design Principal chez Été Lee à Shanghai, agence chinoise à coloration française. Il se consacre en plus de la conception à des tâches de recrutement, de communication, et développe un département Design au sein de la société qui réunit 100 employés.

L’esprit d’entreprise : le clash des cultures

En exerçant en Chine presque cinq ans, Cyrille se dote d’une culture internationale : « Quand tu pars à l’étranger, tu vois que les agences sont structurées différemment, tu apprends à connaitre tous les concurrents à l’international, comment ça marche, quelles sont leurs stratégies, les processus de construction… » La prise de recul sur sa pratique lui donne un esprit critique sur la profession d’architecte et sa structuration. Après 7 ans passés à Shanghai, le retour en France n’est pas aisé. Malgré le fait d’avoir retrouvé un poste chez AREP Paris comme directeur du développement international, la découverte et l’étonnement incessant lui manquent parfois. L’échelle des projets, la rapidité des processus, l’énergie positive, la taille des agence : « Ce n’est pas le même monde ! » Actuellement chargé de développer des projets en Russie – un de ses pays de prédilection – l’architecte est amené à se déplacer régulièrement pour négocier des marchés.

Ses conseils pour les jeunes générations : réaliser un stage de 6 mois à Singapour ou aux États-Unis, et pour les plus expérimentés, travailler  au moins deux ans dans une agence étrangère.

Portrait réalisé par Laura Rosenbaum, architecte DEHMONP, 3ème année de thèse de sociologie sous la direction de Guy Tapie, laboratoire PAVE, ensapBx, associé au Centre Emile Durkheim, Université de Bordeaux