Parcours inspirant : portrait de Samuel Ginsbourger
A 30 ans, Samuel Ginsbourger est passé des agences d’architecture haut-de-gamme aux principes de la frugalité heureuse et créative qu’il applique avec passion, notamment dans…
Après dix années passées au Japon, Laur Meyrieux a fondé son studio de création à Hong Kong. Pour la plus grande satisfaction de sa clientèle d’une grande exigence, la créatrice propose des solutions de conception globale incluant toutes les étapes d’un nouveau projet jusqu’à sa livraison. L’attention portée avec délicatesse jusqu’aux moindres détails de ses réalisations peut sembler au premier regard d’une évidente simplicité. Or, comme souvent, chez les meilleurs, ce naturel apparent dissimule en réalité un travail acharné et sans concessions. Laur Meyrieux analyse pour nous les étapes déterminantes de son parcours professionnel inclassable.
La création – au sens large du terme – m’était vraisemblablement destinée. Ma grand-mère était peintre. Mon père, architecte, avait sa propre agence. J’ai visité de nombreuses expositions avec mes parents, nous parlions d’art et de culture… En dehors de l’école, je prenais des cours de dessin. Cependant, je n’ai jamais envisagé de reprendre la structure de mon père. J’avais le goût des belles choses, et l’envie d’en créer. Sous quelle forme ? je ne le savais pas vraiment. M’inscrire à l’école des Beaux-Arts de Saint-Etienne m’a semblé être une bonne solution car le programme couvre un spectre étendu de pratiques artistiques.
J’étais consciente de la précarité économique qui m’attendait si je persévérais dans une filière sans finalité professionnelle définie. A Saint-Etienne, le design y était réputé, à juste titre d’ailleurs, et c’est dans cette section que j’ai obtenu le diplôme national d’arts plastiques. J’aimais beaucoup le design mais je ne souhaitais pas si jeune me spécialiser définitivement. J’ai alors intégré l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) à Paris avec l’idée de découvrir des domaines que je ne connaissais pas, en mobilier, scénographie, architecture d’intérieur… J’ai été diplômée de l’ENSAD en 1993.
En tant que salariée, non. Ce qui relevait de l’ordre de l’instinct – ne pas me cantonner à un domaine d’activités particulier – est devenu un principe qui régit toujours mes choix actuels. A cela s’en est ajouté un second: ne collaborer qu’avec des personnes dont j’admire le travail quel que soit le domaine, et ne répondre qu’aux propositions qui me plaisent vraiment.
Dans les écoles d’art un peu réputées, les étudiants rencontrent à l’occasion d’ateliers ou de conférences des intervenants extérieurs, lesquels s’avèrent être en grande majorité des professionnels en activité. C’est ainsi que Kristian Gavoille m’a proposé du travail en free lance. J’ai collaboré avec lui pour la scénographie d’une importante exposition sur le design au Grand Palais. Travailler pour quelqu’un comme lui implique de comprendre et respecter son style. Je cherchais des idées, des matériaux, je réalisais les plans et les présentations aux clients. J’ai ensuite enchaîné les missions pendant huit ans.
Oui, et cela me convenait parfaitement. Je ne dis pas que cela se déroule toujours sans difficulté. Au début, les fins de mois ont été particulièrement difficiles, les vacances inexistantes. Cependant, ces contretemps étaient très vite contrebalancés par le plaisir immense que me procurait mon travail. J’ai collaboré avec des pointures ! Pour Jean Nouvel, j’ai conçu les fauteuils d’une salle de concert, j’ai aussi réalisé des cahiers de tendances pour Nelly Rodi et chez Ron Arad, j’étais directement a l’œuvre pour des soudures avec mon chalumeau sur la réalisation de son « design sculpturale ». J’ai aussi conçu et réalisé les salons VIP des gares SNCF. C’était la première fois que je dirigeais le travail de toute une équipe sur un projet y compris celui des entreprises. C’est la diversité et la somme des expériences acquises précédemment qui m’ont permis de le faire. Sans cela, je n’aurais été ni crédible ni efficace.
Je ne sais pas mais j’ai toujours eu l’audace aussi d’approcher les personnes qui m’intéressaient ou me fascinaient. Mes convictions m’ont aussi menée là où je souhaitais aller. J’agis toujours par choix jamais par faiblesse ou par obligation. Je n’avais aucune relation à Paris mais une bonne école d’art favorise les contacts. A cela s’ajoute aussi une part de hasard, de chance, c’est vrai. Mais dans mon cas, elle a été minime. C’est ma persévérance et ma passion qui ont payé. J’ai frappé aux portes, mon book sous le bras. Je persiste à croire que si un travail est bon ou au moins prometteur et que la personne se montre réellement motivée et travailleuse, à un moment donné, elle rencontrera quelqu’un qui lui donnera sa chance.
A suivre…