Lou Liangjun, architecte DPLG et ingénieur ESTP, exerce au sein du Groupe Vinci. En charge du clos et couvert du bâtiment universitaire M6A1 Paris Diderot, Lou Liangjun ne dissimule pas son enthousiasme face à la complexité de ce projet, qui doit accueillir des espaces dédiés à la recherche, un gymnase, trois niveaux de parkings, des bureaux ainsi qu’un tunnel de circulation pour les TGV. En quinze ans, l’architecte et ingénieur ne s’est jamais reposé sur ses acquis et n’a cessé d’approfondir sa connaissance du bâtiment ; il retrace pour nous les principales étapes de son parcours.

Lou Liangjun, vous avez d’abord découvert le bâtiment par la voie de l’ingénierie ?

Je suis né à Dongyang dans la province du Zhejiang. Ma ville comprend 800 000 habitants et 10% d’entre eux travaillent dans le BTP. En fait, mon premier contact avec le bâtiment s’est effectué en tant que manoeuvre pendant mes vacances d’été, au collège, j’avais treize ans. Et comme j’ai fait cela jusqu’à mon bac, cela m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur le plan technique, de comprendre aussi qui fait quoi sur un chantier. En 1993, j’ai intégré l’école polytechnique du Zhejiang, où j’ai débuté un cursus équivalent à celui que pourrait suivre un conducteur de travaux en France. Simultanément, j’ai suivi une formation complémentaire organisée par le gouvernement sur les études de prix. C’est ce qui m’a permis de décrocher mon premier emploi chez Dinli BTP, très importante entreprise à Shanghai. La structure souhaitait réorganiser ses méthodes de travail, et en 1996, j’étais le seul à savoir effectuer les calculs informatiques. Au bout de six mois, j’étais un peu frustré de ne pas visualiser ce que j’évaluais. Alors, j’ai demandé à travailler directement sur les constructions. J’ai ainsi gravi tous les échelons jusqu’à devenir responsable de chantier, ce qui m’a permis d’acquérir une vision plus globale du métier.

Les entreprises en Chine acceptent-elles facilement une demande de changement en interne ?

Oui, en Chine, l’objectif pour chacun c’est de progresser. À chaque âge, son niveau d’expérience, son rythme de travail : un jeune se forme et accumule les expériences… Puis, petit à petit, chacun se spécialise, et se stabilise au sein d’une entreprise ou d’une institution, tout en continuant à se former à de nouveaux outils. C’est très important pour nous en Chine, l’éducation. C’est la base de tout.

Vous êtes retourné à Dongyang en 1999 ?

Oui, car j’y avais une opportunité. J’ai été embauché en tant que responsable technique par Guansha BTP, la plus grande entreprise privée du bâtiment en Chine. Ce qui était différent par rapport à ma première expérience c’est que j’assurais également la coordination du travail avec l’ensemble des intervenants impliqués dans le projet. J’ai compris en travaillant avec les architectes tout ce qu’il me manquait pour appréhender le bâtiment et notamment l’acquisition d’une vision globale du projet dès sa conception.

Pourquoi avez-vous effectué vos études d’architecture en France ?

C’était l’occasion de faire d’une pierre deux coups : étudier l’architecture et apprendre une nouvelle langue étrangère. Je connaissais peu le monde de l’architecture mais j’avais entendu dire que les meilleures formations se trouvaient en Europe et aux Etats-Unis. Je me suis dit que c’était le moment d’y aller !

Vous arrivez en France, début 2001. Quelles ont été vos premières impressions ?

Ma première image de la France a été celle du paysage nantais, et comme vision d’accueil, c’était parfait, vraiment d’une grande beauté. J’ai suivi quelques cours de français, mais très rapidement, je suis venu à Paris pour continuer mes cours de langue et trouver un travail d’appoint. La phase d’adaptation à la capitale qui a duré à peu près une année a été particulièrement éprouvante, surtout pour trouver un logement. Les gens vous donnent des indications de code, d’interphone, d’escalier, que je ne comprenais absolument pas, mais une fois que tout est calé sur le plan administratif et sur celui de l’hébergement, tout va bien.

 

A suivre…