Chez Stéphanie Walliser, architecte DPLG, on découvre tant de fraîcheur, d’énergie et de rapidité que l’on comprend instantanément pourquoi la jeune femme a été recrutée en tant que chef de projet par le groupe japonais Fast Retailing (Uniqlo, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Theory, Helmut Lang). Cette Parisienne pétillante nous révèle les coulisses de l’architecture commerciale dans la ville lumière.

Stéphanie, votre vocation d’architecte puise-t-elle sa source dans votre passion pour le dessin et la bande dessinée?

J’étais un garçon manqué avec un bon niveau scolaire, un profil plutôt scientifique. Très tôt, j’ai aimé jouer aux jeux de construction et je dessinais beaucoup aussi, particulièrement de la bande dessinée. Je voulais allier quelque chose de solide au dessin, apprendre des choses avec une finalité concrète. L’architecture me semblait une voie réaliste où l’on produit des formes avec une fonction.

Lorsque vous avez commencé vos études, quelle était votre stratégie ?

Je n’en n’avais pas ! J’ai effectué l’ensemble de mon cursus à l’école d’architecture Paris La Seine, devenu maintenant Paris Val-de-Seine. J’ai adoré ces six années. Mon objectif était d’apprendre. Je n’avais pas l’idée de monter mon agence, et dans mon entourage personne n’était issu de ce milieu. Ce qui était aussi un avantage car je n’avais aucun préjugé. Mon parcours s’est construit au fil des expériences.

En 4ème année, vous partez suivre une année de programme Erasmus à Florence, comment cette année s’est-elle déroulée ?

En 1998, le programme Erasmus n’en était encore qu’à ses débuts, et c’était vraiment comme dans l’Auberge Espagnole, le film de Cédric Klapisch, inoubliable ! Je parlais déjà bien l’italien car ma mère est d’origine italienne. J’ai acquis du vocabulaire technique en italien et j’ai commencé à apprendre le japonais car mes colocataires étaient nippones, le comble non ? A Florence, on développe aussi son sens de la débrouillardise car l’architecture est intégrée à l’université qui est immense, la fac de Nanterre puissance dix en quelque sorte. Il fallait aller chercher nos polycopiés dans des kiosques à journaux et on ne le savait pas. C’était très compliqué de se repérer, de choisir ses cours, mais quel apprentissage !

Est-ce votre stage à la FNAC qui amorce votre carrière dans l’architecture commerciale ?

Oui, clairement. J’avais déjà effectué pas mal de stages et de petits boulots pendant mes études, essentiellement dans des petites agences qui faisaient de la sous-traitance dont l’une pour l’UNESCO. J’y ai appris à concevoir et à réaliser des plans. En 5ème année d’étude, j’avais appris que la FNAC cherchait un stagiaire à la direction technique. J’ai commencé à travailler à mi-temps pour l’enseigne et le reste du temps, je le consacrais à mon diplôme. A la FNAC, je devais mener un travail de programmation architecturale. Il fallait visiter certains points de vente et dresser une synthèse sur les points à améliorer. Finalement, j’y suis restée deux ans. C’est là que j’ai découvert le métier. Dans les projets, il faut intégrer toutes les contraintes inhérentes à ce type de projet : l’accueil du public, le merchandising, la sécurité. Le fonctionnement va différer selon les FNAC en fonction du lieu, des dimensions du bâtiment et des produits présentés. Le parcours du client dans un magasin est décisif, à la FNAC elle peut prendre  la forme d ‘une raquette de tennis qui permet au client de revenir ainsi sur ses pas tout en faisant tout le tour des produits présentés. Au début, lors de mes premières visites de boutiques, je me faisais régulièrement suivre par les vigiles car forcément je n’avais pas le comportement d’une cliente lambda. L’atmosphère de travail était très bonne et chaque année, je retrouve encore mes anciens collègues à l’occasion d’un dîner.

Ensuite, vous restez dans le domaine de l’architecture commerciale en intégrant la marque de vêtements Caroll ?

Quand on m’a proposé le poste, j’ai pensé : pourquoi pas ? Il y avait des petits chantiers à gérer, de nombreuses problématiques auxquelles il fallait trouver des solutions. Nous étions deux, le directeur technique s’occupait des nouvelles boutiques et moi des grosses rénovations. A côté de cela, c’est un peu « SOS Architectes », on nous appelait pour toutes sortes de choses… A Paris, dans les sous-sols, on trouve de nombreuses souris par exemple. En revanche, c’est la Mairie qui s’occupe des rats, une chance… Une colonne d’eaux usées a aussi explosé une fois dans une boutique. Nous avions une journée pour tout remettre d’aplomb et consoler la gérante car il fallait rouvrir le lendemain, ce qui impliquait de trouver une entreprise compétente au débotté qui acceptait de travailler la nuit. En architecture commerciale, il existe souvent du travail de nuit, car il faut respecter les délais, les loyers étant très chers. Je suis restée deux ans chez Caroll puis j’ai travaillé une année pour une agence d’architecture à Montrouge qui fait de la zone industrielle. L’architecte était associé avec un bureau d’études. Ensemble, ils réalisaient des hangars et des bureaux au kilomètre. Indépendamment du bureau d’études, l’architecte concevait d’autres projets, des immeubles d’habitation notamment. J’y ai beaucoup appris, et c’est chez eux que j’ai déposé mes premiers permis de construire.

 

A suivre…