Liu Ruifeng, architecte dplg, fait partie de ces personnalités dont l’envergure s’impose d’emblée comme une évidence, construite au fil du temps, soutenue et portée par une exigence, une intelligence, et une finesse hors du commun.  Bientôt de retour en Chine après sept années passées en France, l’architecte revient avec nous sur son parcours. Découvrez la deuxième partie de son portrait.

Vous êtes le premier Chinois à avoir remporté le prix Paul Arfvidson à l’Académie des Beaux-Arts ?

Le Grand Prix d’Architecture est décerné par l’Académie des Beaux-arts française. Créé en 1975, il récompense un architecte ou un étudiant en architecture âgé de moins de 35 ans. Le prix Paul Arfvidson est le 3ème prix et je l’ai obtenu en 2009. Je suis le premier Chinois, lauréat de ce prix, ce qui m’a d’autant plus touché. C’est un concours d’idées. L’année où je l’ai présenté, il fallait travailler sur la ville d’Arles dont la partie historique est séparée de celle plus moderne par un pont. Je les ai reliées entre elles par une succession de différentes passerelles ; celles qui donnent sur la vieille ville reflètent la nouvelle ville et réciproquement. C’est un jeu de miroirs consistant à relier passé et  présent. Etant donné qu’Arles a établi en partie sa réputation sur la photographie et l’image, cela me semblait cohérent.

Vous avez toujours mené une activité libérale en parallèle de votre vie professionnelle ?

Depuis que je suis en France, c’est le cas en effet. J’ai participé à de nombreux concours d’idées, à des prix aussi. C’est très chinois. Les Français nous taquinent un peu là-dessus. En Chine, nous sommes nombreux, alors, les prix, les distinctions permettent de nous démarquer et de nous confronter aux autres, de voir quelle valeur a notre travail. Aujourd’hui, l’architecture n’est souvent basée que sur l’image, sur la réalisation de formes qui ne s’accordent pas nécessairement au contexte. Je pense qu’un bon architecte a du savoir-faire et qu’il a un vrai rôle à jouer dans l’amélioration de la  qualité des espaces de vie. C’est pourquoi, je me suis associé avec un autre architecte à Shanghai et je rentre en Chine, avec cette perspective à l’esprit.

Pensez-vous que vos années d’expérience en France vous serviront à votre retour ?

Naturellement. C’est certain qu’il y aura des ajustements à apporter, ne serait-ce qu’en termes d’échelle et de réglementation. En France, j’ai beaucoup travaillé aux phases de conception des projets en agence et dans mes travaux personnels car mon objectif consiste à esquisser les ébauches de mon propre style, afin d’injecter à terme ma propre vision architecturale dans mes projets en Chine.

En architecture, nous fonctionnons beaucoup par comparaison, par association. Lorsque je suis en France, mon point de comparaison reste la Chine, et réciproquement. Lorsque l’on vit dans un même endroit tout le temps, notre espace quotidien nous semble évident. Ce n’est que lorsque l’on se trouve dans une situation qui nous pousse à la comparaison que l’on constate à quel point notre environnement est le fruit d’une culture, d’un travail : rien n’est naturel.

Une Passion ?

Tout ce qui est nouveau !

Vos sources d’inspiration ?

Cela peut sembler paradoxal, mais les livres d’Histoire.

La France pour vous c’est…

Une offre culturelle exceptionnelle.

Et la suite…

Architecte associé à Shanghai.