Stéphanie Walliser, chef de projet pour le groupe japonais Fast Retailing (Uniqlo, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Theory, Helmut Lang), nous révèle les coulisses de l’architecture commerciale dans la ville lumière. Suite de son portrait…

Après la FNAC et la marque Caroll, on vous propose ensuite un poste chez Yves Rocher?

Le directeur technique de Caroll y avait été embauché et m’a proposé de le rejoindre. En comptant les franchises, il y avait 500 boutiques en France et 1000 à l’international. Nous avions quatre ans pour intégrer le nouveau concept dans toutes les boutiques  existantes tout en créant de nouveaux points de vente. C’était un joli défi à relever. Au début, nous n’étions que trois mais très rapidement l’équipe s’est étoffée. La direction technique était réparti en deux pôles, celui technique, en charge des appels d’offres, du suivi des travaux, de la réception des chantiers et celui, architectural, dont j’avais la responsabilité. Nous étions trois à y effectuer les relevés, les plans, les dépôts de permis et très important, la coordination et la validation des projets entre les différents services concernés : direction, marketing, merchandising, achats,… Comme je n’apprécie pas particulièrement de travailler seule dans mon coin, ce dernier aspect me plaisait beaucoup !

Qu’avez-vous apprécié d’autre chez Yves Rocher ?

C’est une société qui a une gestion saine et en cohérence avec ses valeurs. J’utilise d’ailleurs toujours leurs produits. L’écologie n’est pas juste une image, elle s’applique jusque dans les moindres détails de la vie de l’entreprise. Le tri des déchets s’applique dans tous les bureaux. L’ambiance générale est familiale, avec peu de turnover. La Fondation plante des arbres, cela ajoute du sens au travail. Au bout de sept ans, la décision de partir a été difficile à prendre.

Qu’est-ce qui vous a incité cependant à prendre cette décision ?

Il était impossible de ne pas répondre favorablement à la proposition de Fast Retailing, un groupe japonais qui a fondé Uniqlo et rachète depuis quelques temps d’autres marques, telles que Comptoir des cotonniers, princesse Tam Tam, Theory, Helmut Lang. Le service architecture est commun à toutes les marques sauf Uniqlo et c’est très intéressant car chaque marque a ses particularités. Les quatre chefs de projet maîtrisent le français et l’anglais ainsi qu’une autre langue, jamais la même bien sûr. Chacun assure l’intégralité de ses projets jusqu’aux phases d’exécution, ce qui n’était pas le cas chez Yves Rocher. Une partie de notre travail s’effectue aussi en amont lors des visites de faisabilité des éventuels futurs points de vente avec le service du développement. Nous évaluons la concordance du programme avec  son emplacement et son budget. A Paris, comme c’est très dense et que les bâtiments sont anciens, il arrive que l’on découvre toutes sortes de surprises. Lors de la visite d’un futur point de vente, un ancien restaurant, nous avons découvert que les poutres qui soutenaient le plancher étaient devenues de la dentelle. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de drame. Même si ce n’est pas l’objectif initial, nous menons ainsi une vraie mission de réhabilitation. En une journée, je peux tout à fait dessiner le matin deux heures, puis me rendre sur un futur point de vente où j’effectue des relevés complémentaires, puis enchaîner par différents rendez-vous : un éclairagiste, une réunion de copropriétaires…

L’éclairage est-ce important en architecture commerciale ?

L’éclairagiste joue un rôle important en architecture commerciale car une belle lumière dans la vitrine mais aussi dans le magasin attire le client. Le matériel d’éclairage des ERP est aussi spécifique, il doit être résistant et ne pas consommer trop d’énergie et répondre aux normes en vigueur. Les bons acousticiens aussi sont recherchés. Il faut arriver à canaliser le bruit provenant de l’extérieur, créer une bonne ambiance sonore et ça se joue dans les détails, les ouvertures et fermetures de porte, le choix des sols… Je pense qu’il y a des postes à prendre dans ce domaine.

Comment envisagez-vous votre avenir ?

Chaque poste m’a permis d’explorer une nouvelle facette de l’architecture commerciale, et j’acquière chaque fois une plus grande vue d’ensemble des projets. Actuellement, je suis très contente de mon poste chez Fast Retailing et je n’éprouve pas l’envie d’aller ailleurs.

Quelles sont vos références, vos sources d’inspiration ?

– En architecture, les incontournables Frank Lloyd Wright et Renzo Piano,

– En histoire de l’art, je m’intéresse particulièrement aux Arts déco, à l’Art nouveau, et à la Renaissance italienne,

– La passion de la bande dessinée ne m’a jamais quittée,

– Le kung fu me permet de canaliser mon énergie.