SAVE THE DATE : Vente aux enchères des Architectes de l’Urgence
La prochaine Vente aux enchères caritative de la Fondation des Architectes de l’Urgence aura lieu le 3 décembre prochain à 19h, à la Maison de…
Pour ne rien rater et ajuster vos calendriers avant les vacances, nous vous proposons une sélection d’expositions à voir à Paris, qui se terminent à la fin du mois.
Le musée de l’Orangerie a rouvert ses portes avec une exposition lumineuse et inattendue consacrée à l’influence de Renoir dans l’oeuvre de Magritte. Le propos de l’exposition est riche et ouvre de multiples pistes de réflexion. Il s’agit de s’interroger sur la postérité de Renoir au XXème siècle, d’évoquer une période peu connue de la carrière de Magritte et de présenter les liens entre le peintre belge et le groupe des Surréalistes.
La période qui est mise en lumière s’étend entre 1943 et 1947. Elle débute au moment de la défaite des troupes allemandes à Stalingrad. L’espoir renaît dans l’Europe en guerre. René Magritte, revenu d’exil et ayant retrouvé son épouse, peint alors plus de soixante-dix tableaux. Il privilégie des couleurs vives, des sujets joyeux et optimistes. Il élargit sa touche à l’instar de celle utilisée par les Impressionnistes. Il désigne lui-même les oeuvres de cette période comme son « art solaire », « sa période Renoir », ou « son Surréalisme en plein soleil ». Cependant ces années sont mal comprises dans la carrière de Magritte, que cela soit de ses contemporains ou des historiens de l’art. Magritte y voit pourtant un renouvellement du Surréalisme: ce mouvement né entre les deux guerres lors d’un moment sombre et d’angoisse doit se métamorphoser pour s’adapter à une époque plus douce et joyeuse. Cependant le groupe n’adhère pas et André Breton rejette complètement les idées de réforme du mouvement de Magritte. Ce dernier finira son aventure solaire par un dernier pied de nez en exploitant ses théories à leur paroxysme, en poussant l’intensité chromatique à leurs limites et en produisant des oeuvres à la limite du grotesque avec des sujets si caricaturaux, qu’il qualifie de « vache ».
L’exposition est étonnante et la mise en avant de cette période peu connue est très intéressante. Le propos est si riche, qu’il semble parfois à l’étroit dans les salles de l’Orangerie.
Le musée d’Orsay nous plonge dans les paysages alpins et helvètes. La confédération suisse date de 1848: à la fin du XIXème siècle, elle se cherche encore une identité culturelle nationale alors que son territoire se distingue par un régionalisme marqué et autant d’usages et de langues. Comme ses voisins européens, la Suisse connaît une industrialisation forte. Elle profite également du développement du tourisme. A partir de 1890, une nouvelle génération de peintres sensibles aux apports des grands courants artistiques de leur époque et à l’héritage des symbolistes suisses Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini vont explorer les possibilités des couleurs et des lignes. Ils renouvellent ainsi les motifs helvètes par excellence, tels que les scènes rurales, les paysages de montagnes ou de forêts pour proposer une peinture au fort potentiel expressif et décoratif.
L’exposition présente une quinzaine d’artistes et soixante-dix oeuvres. Le parcours est thématique mais chaque section donne la part belle à un artiste en particulier. Nous commençons notre visite par les deux figures tutélaires, Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini, qui les premiers rompent avec l’imitation du réel pour proposer des oeuvres au fort pouvoir symboliste qui évoquent la place de l’homme, l’harmonie de la nature et le cycle de la vie. Puis nous découvrons l’attirance pour la lumière et les effets colorés chez des peintres de la deuxième génération tels que Giovanni Giacometti ou Cuno Amiet. Ce dernier séjourne à Pont Aven où Paul Gauguin et les post impressionnistes l’influencent durablement. Il introduira l’emploi des couleurs vives cernées d’un trait noir en Suisse. C’est également sous son impulsion que les artistes suisses s’intéressent à l’art de Van Gogh et de Cézanne. Les peintres sont par ailleurs confrontés à la montée de l’industrialisation: certains se réfugient dans la campagne pour représenter la nature épargnée, d’autres au contraire s’intéressent aux bouleversements et angoisses qu’elle génère. La recherche d’une identité nationale et le fort patriotisme concourent au développement d’une iconographie des sujets populaires exploités au prisme du style moderne. Le paysage perd quand à lui sa fonction de revendications patriotiques pour permettre des évocations oniriques et fantastiques. Les sujets, paysages ou natures mortes, sont prétextes à des expérimentations de forme, de couleur et de composition qui tendent vers l’abstraction. Les paysages nous invitent à rêver et à s’émerveiller devant l’infini et la beauté. Une exposition qui se visite comme un voyage!
A l’automne 2020, le Palais Galliera avait rouvert ses portes, après plus de 10 ans de travaux, avec une exceptionnelle rétrospective consacrée à Gabrielle Chanel. L’institution a pu prolonger son accrochage et il est encore possible d’admirer les collections et les accessoires de haute couture jusqu’à mi-juillet. Gabrielle Chanel a dessiné des vêtements faits pour être portés, qui ont en leur temps révolutionnés la mode féminine en proposant une nouvelle notion de l’élégance et dont l’influence est encore sensible dans la création contemporaine. En effet, aux coups d’éclats et au narratif, elle préfère l’atemporel et la simplicité. Elle recherche la sophistication dans le confort et le juste équilibre entre la forme et la fonction. Gabrielle Chanel s’amuse des paradoxes et confronte le masculin avec le féminin, l’ordinaire et le chic, le noir et le blanc.
Le parcours de l’exposition est thématique et détaille les grands principes de la mode selon Chanel. On apprend à observer les lignes et les textures. On remarque les apports novateurs de la styliste et les emprunts dont elle hérite d’autres couturiers. Ses collections sont replacées dans leur contexte. La simplicité de la ligne, le chic moderne mais atemporel et le caractère pratique mais élégant sont portés en manifeste. Des sections sont dédiées à des pièces iconiques du vestiaire Chanel: le tailleur, les robes du soir, le sac 2.55, le soulier bicolore, etc. L’exposition souligne également l’importance de l’accessoire et des bijoux dans les tenues Chanel. Le parcours sait tirer profit de l’architecture du Palais pour une exposition tout en surprises, où chaque vitrine nous éblouit et nous émerveille.
A l’occasion du 250e anniversaire de la mort de François Boucher (1703 – 1770), le musée Cognacq-Jay, le charmant musée parisien dédié à l’art de vivre au XVIIIème siècle, s’intéresse au thème de l’amour charnel. L’exposition accorde la part belle à des peintres emblématiques tels que François Boucher, Antoine Watteau ou Jean-Honoré Fragonard.
Le parcours prend place dans les petits espaces dédiés aux expositions temporaires puis se poursuit à l’étage dans les collections permanentes du musée. En trois grandes sections, l’exposition décline les temps du plaisir et les gestes amoureux, depuis la naissance du désir jusqu’à l’assouvissement des passions. Nous commençons par le désir et la tentation, que cela soit chez les dieux ou le commun des mortels. Puis nous sommes témoins de la réalisation de ce désir voire même lorsque sans sensualité, la quête du plaisir se fait dans la violence. Enfin une section licencieuse présente une collection rare d’objets et gravures érotiques. Le XVIIIème siècle est marqué par l’avènement du plaisir des sens. Nous retrouvons cette quête de l’amour et de l’érotisme dans la littérature, dans la philosophie et dans les arts. L’exposition nous démontre le dialogue entre les artistes et entre les disciplines, ainsi que l’émulation, l’imitation et la surenchère que celui-ci occasionne. La sélection d’oeuvres est particulièrement remarquable entre oeuvres incontournables, peintures, dessins ou estampes plus confidentielles mais audacieuses voire scandaleuses.
– La Bourse de Commerce
L’autorisation de réouverture des institutions culturelles à partir du 19 mai, a permis à trois nouvelles institutions parisiennes d’accueillir du public.
La première à ouvrir ses portes a été la toute nouvelle Bourse de Commerce. Cette ancienne halle aux blés construite sur un plan circulaire par l’architecte Nicolas Le Camus de Mézières en 1763, a été reconvertie en 1889 en Bourse de commerce pour la ville de Paris après un incendie. L’architecte Henri Blondel était alors intervenu pour transformer l’ancienne halle. En 2016, la chambre de commerce quitte les lieux et la Ville de Paris signe un accord avec le collectionneur et homme d’affaire, François Pinault. Ce dernier propose un projet similaire à ce qu’il a mis en place à Venise: il présente une sélection de sa collection d’art contemporain qui compte environ 10 000 oeuvres grâce à des accrochages thématiques. Tadao Ando a permis à l’ancienne halle aux grains/ bourse de commerce de devenir un écrin pour les oeuvres sans effacer l’histoire du bâtiment. L’exposition inaugurale rassemble une trentaine d’artistes et environ 200 oeuvres. Elle se veut diverse en présentant des sculptures, des peintures, de la vidéo, des photographies, des installations, des performances: autant de pratiques et de formes d’expression.
– Le musée Carnavalet
Le musée Carnavalet fermé depuis 2016 a enfin pu accueillir du public fin mai. Le musée dédié à l’histoire de Paris a refait peau neuve, les oeuvres ont été restaurées, les supports de médiation révisés, le parcours repensé et la scénographie revue. Ce musée s’intéresse à l’histoire de Paris des origines à nos jours. On peut ainsi suivre un parcours plus ou moins chronologique, des premières traces de vie jusqu’aux évènements les plus récents qui ont agités la capitale. Nous découvrons pour chaque époque les transformations architecturales, politiques religieuses et artistiques mais aussi l’évolution des coutumes ou des modes. Tableaux, arts décoratifs, objets du quotidien ou de l’industrie comme la fameuse collection d’enseignes: les oeuvres sont diverses et variées. La musée a également été le destinataire de grands ensembles de mobilier: ils sont même à l’origine de sa création, puisque le besoin de préserver les décors menacés de destruction lors des grands travaux de Hausmann au XIXème siècle a fait naître l’idée d’un musée consacré à l’histoire de Paris. Les collections se sont ensuite enrichies au fil des ans et des percées de boulevard expliquant ce côté composite et hétéroclite du parcours.
Depuis le 15 juin, le musée accueille sa première exposition temporaire, dans ses nouveaux espaces; elle est consacrée au Paris de Henri Cartier Bresson.
– L’hôtel de la Marine
La dernière institution parisienne qui marque l’actualité par son ouverture est l’Hôtel de la Marine. Cet emblématique bâtiment de la place de la Concorde a été conçu par Ange Jacques Gabriel au XVIIIème siècle pour abriter le Garde-Meuble de la Couronne. Après la Révolution, il a abrité le siège du Ministère de la Marine. Les appartements et les salons d’apparat ont été remeublés par le Centre des monuments nationaux. Une visite immersive avec audioguide nous est proposée pour redécouvrir les personnages qui ont habités ou traversés ces lieux pendant les siècles passés. Plusieurs parcours de visite sont disponibles, qui nous permettent de découvrir un circuit plus ou moins important (appartement de l’intendant, les salons d’honneur et la loggia) avec trois parcours sonores différents.
Si vous avez peur que les dorures des salons ne soient pas assez pour vous éblouir, sachez qu’à partir de l’automne 2021, l’Hôtel de la Marine accueillera la collection Al Thani.
Retrouvez également nos visites des expositions Les origines du monde au musée d’Orsay (fin le 18 juillet) et Signac au musée Jacquemart André (fin le 26 juillet).
Article rédigé par Amélie Hautemaniere – Photos de l’auteur.
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