Le refuge de Jankowice, en Pologne, est un bâtiment singulier élaboré spécialement pour les sans-abris n’ayant pas accès aux systèmes de soins. En effet, ils sont soit en « trop bonne santé » pour vivre dans un foyer social, soit en « trop mauvaise santé » pour être logés en dortoir. Ce grand bâtiment au toit ondulé se fond dans les champs et les collines avoisinantes. Il est dissimulé derrière de grands arbres anciens, le rendant presque invisible depuis la route.

Le bâtiment, conçu par le cabinet d’architectes Xystudio, est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite et se divise en trois zones principales, séparées par des murs de briques. L’entrée est dédiée à la vie quotidienne et collective du refuge, créant un espace public qui comprend une chapelle, des bureaux, des salles de rééducation ainsi qu’une salle commune et une cantine. La partie nuit, quant à elle, abrite 19 chambres avec salles de bains adaptées aux différents handicaps, ainsi que des studios. Enfin, une section du refuge est consacrée aux personnes qui se dévouent à la cause des sans-abris, sous la forme de trois petits appartements avec kitchenette.

Les chambres des sans-abris sont peu spacieuses, car elles offrent simplement un espace pour dormir. « Grâce à cela, les résidents sont encouragés à quitter la chambre pendant la journée. C’est un facteur essentiel à leur resocialisation » indiquent les architectes. La cuisine, fonctionnelle, invite les résidents à aider dans la préparation des repas, par le biais de tâches simples.

La cour reste un élément central du refuge : « Le vitrage qui l’entoure apporte une impression d’espace, et permet aux soignants d’observer les résidents. » En outre, cette cour est ornée d’une immense fresque murale « Quatre Saisons » de Marcin Czaja, qui apporte de la couleur et brise ainsi l’ascétisme du bâtiment.

Au départ, le refuge de Jankowice devait être entièrement écologique, autosuffisant et donc peu onéreux. Le pari est presque réussi, malgré quelques difficultés : « Nous avons dû abandonner les pompes à chaleur face à l’augmentation rapide du prix de l’électricité courant et de la zone géologique. Le chauffage au gaz s’est avéré bien plus économique et plus facile d’utilisation. Nous avons donc appliqué le chauffage au sol et la ventilation avec récupération de chaleur. »


Une station d’épuration écologique a également été mise en place et des réservoirs d’eau de pluie permettent d’arroser la zone. « Les façades sont fabriquées à partir de matériaux de récupération provenant de différents sites. Il y a notamment des briques qui proviennent d’un moulin vieux de 200 ans et des morceaux de vieille grange démolie ».

Dans l’espace extérieur, des terrasses couvertes et des bancs en bois permettent aux fumeurs de s’asseoir, de discuter et d’observer. « Vous pouvez exiger beaucoup des habitants, mais vous ne pouvez pas les guérir de leur addiction à la cigarette » poursuivent les architectes. « Mais cette dépendance les aide aussi à s’intégrer. »

Article rédigé par Marie BESSE.