Un projet a vu le jour au cœur de Paris, il s’agit des Grands Voisins. Anciennement Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, la structure accueille environ 2000 personnes de toutes classes sociales confondues. Des inventeurs, des artistes, des architectes et des personnes en situation d’urgence se côtoient dans une atmosphère bien plus paisible que ce que pourrait représenter des HLM de banlieue.

A l’heure où l’on ne cesse de se poser des questions sur l’état actuel de la France, avec tous ces problèmes de soi-disant communautarisme, de violence qui gangrènerait nos villes, ce havre de paix nous prouve une chose : lorsque tout le monde s’y met et lorsque chacun est animé par une même envie, on peut faire des merveilles et vivre en bonne intelligence.

Sculpteurs, tapissiers, artisans, bénévoles, étudiants et personnes en réinsertion partagent la même idée de la vie. La bonne humeur règne et les activités sont nombreuses ; des séances de yoga, un théâtre en plein air, une galerie d’art, tous les ingrédients sont réunis pour que chacun puisse se divertir, s’instruire, apprendre. Mais je pense qu’au final, là où l’on apprend le plus au sein de ce village, c’est auprès de ses semblables.

« Les Grands Voisins » siègent au 82 Avenue Denfert-Rochereau dans le 14eme arrondissement de Paris, et le moins que l’on puisse dire, c’est que toute cette tribu semble heureuse parmi quelques innovations bien pensées qui sont à découvrir dans cette ancienne maison de santé.

Le café suspendu

Un geste qui veut dire beaucoup et pourtant si simple à mettre en place. En prenant place dans la cantine des Grands Voisins, la Lingerie, il est possible d’y déguster un café pour la modique somme de 0 € quand on n’a pas les moyens de s’en offrir un. Parce qu’en cessant d’être « individualiste », vous pouvez consommer solidaire en payant deux cafés. Ainsi, sur l’ardoise noire trônant derrière le bar, on peut dénombrer les cafés, repas ou petits gâteaux offerts par les clients précédents. Cet acte de solidarité avait notamment vu le jour aux Etats-Unis dans un restaurant ou l’on pouvait payer pour deux parts de pizza, pour n’en consommer qu’une et laisser la seconde à quelqu’un dans le besoin.

La monnaie-temps

Plutôt que d’échanger de l’argent et promouvoir cette société consumériste, vous pourrez désormais payer de votre personne et de votre temps. En effet, en offrant du temps, vous recevrez des billets que vous pourrez dépenser pour un déjeuner, un cours de cuisine ou même pour vous offrir des chaussures au Trocshop. Ainsi, il est possible de gagner des billets de 15 minutes, 30 minutes ou même 1 heure, mais surtout de s’enrichir grâce aux histoires de chacun.

La cantine solidaire

On peut notamment boire un café, déjeuner ou même bruncher pour les plus épicuriens, dans cette cantine solidaire. Du lundi au jeudi midi, derrière les fourneaux vous ne trouverez pas de figure renommée de la cuisine mais plutôt des personnes en réinsertion sociale, formées au métier de la restauration et de l’accueil. Entre le plat et le dessert, vous pourrez vous dégourdir les doigts en jouant quelques airs de piano ou bien encore faire travailler votre encéphale en entamant une partie d’échecs.

Les cabanes

Le collectif Yes We Camp constitué d’architectes, de plombiers, d’ingénieurs et d’urbanistes a mis au point des cabanes sortant de l’ordinaire, se référant à différentes cultures. Par exemple, vous pourrez prendre place dans une Tiki faite de paille et de chaux largement inspirée par les habitations polynésiennes. Des cabanes de pêcheurs prennent également place, entièrement constituées de matériaux de récupération comme par exemple des poutres provenant d’une ancienne gare SNCF.

Pensé par le collectif, mais aussi construit par des bénévoles, ces habitations atypiques sont l’œuvre d’une collaboration une fois de plus entre les habitants mais aussi les personnes extérieures aux Grands Voisins.

Le sport

Digne d’un épisode de Black Mirror mais en plus utile et sympathique, il est possible de laver son linge en pédalant. En effet, les inventeurs du collectif Yes We Camp ont mis au point une machine artisanale qui fonctionne à la force des mollets permettant à la fois de faire son sport et de laver ses vêtements de manière co-responsable.

L’agriculture

L’aquaponique s’est également développée au sein des Grands Voisins grâce à un homme, Philémon. L’idée était d’être écoresponsable et de gérer ses déchets d’une manière plus intelligente. En somme, en récupérant les déchets provenant de la cuisine, ceux-ci servent de nourriture aux poissons qui à leur tour produiront des déchets transformables pour en faire des engrais pour les plantes. Ces plantes pourront ensuite purifier l’eau dans laquelle les poissons barbotent. Un cycle vertueux. Vous aurez la possibilité de visiter cette serre aquaponique les 18 et 19 Mars durant les 48 heures de l’agriculture urbaine.

La musique

Une fois de plus motivé par l’envie de ne pas gaspiller les ressources qui nous entourent mais plutôt de les utiliser convenablement, Cédric a mis au point le Solar Sound System, une machine composée de platines et de hauts parleurs puissants.

Ce qui est révolutionnaire dans son projet, c’est que grâce à l’énergie solaire ainsi qu’à des générateurs d’électricité placés sur des vélos que le public peut utiliser, sa machine emmagasine de l’énergie qu’elle peut ensuite convertir. Un Dj à roulettes en fait.

La lumière

A la fois œuvre d’art et luminaire, cette sentinelle trônant à l’entrée des Grands Voisins donne le ton de la dynamique qui règne dans le quartier. Le jour, l’installation emmagasine de l’énergie grâce à des panneaux photovoltaïques et à la nuit tombée, celle-ci s’illumine comme un lustre géant.

Ce projet initié par l’association de réinsertion sociale Aurore, est aussi appuyé par Plateau Urbain et fut concrétisé par Yes We Camp. N’hésitez pas à vous rendre dans ce quartier un peu à part, vous repartirez avec une dose de souvenirs impérissables.