Les biais cognitifs dans le recrutement
Une étude récente menée à la NYU à New York a rapporté que les recruteurs décident d’embaucher un candidat durant les 16 premières minutes de l’entretien. 25%…
Notre société a considérablement évolué au cours de ces 15 dernières années. L’apparition des smartphones, l’accès à internet, la transformation des médias, les réseaux sociaux et, plus récemment, l’ubérisation des métiers, ont modifié en profondeur notre manière de consommer, de travailler et donc de recruter.
Au vu de cette mondialisation qui s’opère depuis plusieurs décennies, les entreprises, si elles souhaitent rester compétitives, se doivent d’embrasser cette dimension globale. Que ce soit dans les grands groupes ou dans les PME, il s’avère essentiel pour les DRH et dirigeants de savoir repérer, évaluer et convaincre des candidats internationaux car le marché des talents est devenu mondial.
Grâce à internet, notamment Linkedin, il est maintenant possible d’avoir accès en quelques clics à des profils de toute origine et le maniement de ces ressources est indispensable si l’on souhaite procéder à des recrutements internationaux. C’est ainsi que le format d’entretien nord-américain s’est imposé comme modèle de référence.
Cela ne s’explique pas seulement par le fait que l’anglais est la langue la plus parlée dans les échanges internationaux. C’est ce modèle d’entretien basé sur le concret et le factuel, et non le ressenti qui parvient le mieux à lisser les différences culturelles. Ce type d’entretien étant transposable dans tous les pays, il permet de benchmarker des candidats d’origines différentes.
« L’entretien nord-américain s’est développé dans un cadre législatif et réglementaire spécifique et dans une culture et des modes d’éducation différents de notre modèle européen. » Voici comment Claude d’Estais, auteur de « S’entrainer à l’entretien de recrutement … même à la dernière minute !, définit ce type d’entretien.
Bien que la France ait essayée de mettre en place une normalisation des processus de recrutement afin de promouvoir l’équité entre les candidats, cela n’est pas toujours respectée. À l’inverse, les pays Nord-Américains ont fait de la non-discrimination leur fer de lance. Autrement dit, tout ce qui relate de la sphère personnelle n’est jamais mentionné par un recruteur. Que ce soit l’âge, la religion ou le statut marital. Néanmoins, ces sujets peuvent être abordés à l’initiative du candidat s’il souhaite parler de lui-même et apporter quelques éléments clés sur sa personnalité. Mais ces questions ne seront jamais évoquées par le recruteur.
« Dans la vie, soit je gagne, soit j’apprends » disait Nelson Mandela. Et bien c’est ce que prône ce type d’entretien. En d’autres termes, les recruteurs favorisent le partage d’expériences, réussies bien entendu, mais encouragent aussi les candidats à parler de leurs échecs. C’est d’ailleurs dans l’échec que l’on apprend le plus. Cette manière de procédé est profondément ancrée dans la culture américaine : toujours favoriser la confiance en soi, célébrer ses réussites, ne pas cacher ses échecs et ne pas se sous évaluer.
Le candidat américain partagera facilement des éléments factuels, illustrés par des chiffres alors que le candidat français parlera plutôt de stratégie au lieu de détailler les résultats obtenus car il ne veut pas se « survendre ». Le candidat américain est naturellement plus ouvert et communicatif alors que le français, plus réservé, peut paraitre arrogant ou manquant de confiance en lui.
Il est bien connu que les anglo-saxons n’ont aucun problèmes à aborder les questions d’argent. Les échecs, comme dit précédemment, ne sont pas mal-perçus. Le licenciement n’est pas tabou non plus, il n’est pas appréhendé comme un manquement personnel. Il transcrit uniquement la cessation de collaboration à un moment T. En France, parler d’un licenciement est souvent mal vu car implicitement il remet en cause les compétences du candidat. Dans le contexte nord-américain, le fait de quitter une entreprise n’est pas non plus quelque chose que l’on doit passer sous silence. Il s’agit simplement de montrer que cette séparation était motivée par une opportunité extérieure, un nouveau challenge à relever.
Pour conclure, on peut dire que, dans l’entretien nord-américain, le regard posé sur le candidat est positif et le recruteur ne cherche pas à le « coincer » à tout prix. L’objectif est de toujours voir le bon côté des choses, tirer le meilleur de chacune des expériences pour ne garder que ce qui a fait évoluer et grandir.
Il nous semble que les entreprises françaises vont devoir faire évoluer leurs pratiques du recrutement et assimiler ces codes pour pouvoir élargir leurs recrutements à l’échelle internationale.