En 30 ans, la proportion d’actifs français ayant le sentiment de donner plus qu’ils ne retirent de leur travail a quasiment doublé, passant de 25% en 1993 à 48% en 2022 (sondage IFOP, 2022). Dans ces conditions, de nombreux actifs se résolvent à opter pour le “quiet quitting”. Cette tendance venue des Etats-Unis et popularisée par les réseaux sociaux est devenue un vrai phénomène de société. Faire du “Quiet quitting” signifie faire le minimum dans son travail et faire ses heures à la minute près, sans fournir davantage d’efforts. Le tout sans se faire licencier puisque le salarié respecte son contrat, mais sans motivation particulière. 

La pandémie à l’origine du phénomène

Depuis la pandémie, des questions existentielles ont été soulevées. Lors des confinements, de nombreux actifs ont été déconnectés du monde professionnel, et ont pris conscience du besoin profond d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Le recours au télétravail a changé la qualité de vie de beaucoup de salariés en réduisant les temps de transport tout en appréciant le confort de travailler depuis chez soi. Cependant, après la pandémie, de nombreuses entreprises en France ont souhaité que leurs salariés reviennent en présentiel à temps plein, ce qui n’a pas été très bien accepté, conduisant progressivement au “quiet quitting”. 

Les jeunes actifs : les plus touchés par le quiet quitting

Les plus touchés par la pratique du “quiet quitting” est la jeune génération, c’est-à-dire les moins de 35 ans. On l’observe en France, mais également en Europe et dans le monde anglo-saxon, notamment aux Etats-Unis. En effet, pour les jeunes, s’investir dans une entreprise n’est plus un dû. Ils considèrent que cela doit être “donnant-donnant”, de leur part, mais aussi du côté de l’employeur. S’investir doit donc donner lieu à une compensation financière suffisante d’abord, mais aussi à des conditions de travail épanouissantes. La flexibilité des horaires, le télétravail et une atmosphère où l’on se sent bien sont des éléments très importants pour la jeune génération. Pour illustrer l’importance de ces éléments, une récente étude de l’ADP Research Institute indique que 70% des jeunes seraient prêts à quitter leur job si leur employeur leur demandait de revenir à 100% en présentiel.  

La baisse de l’engagement des salariés, une quête de sens ?

Les adeptes du “quiet quitting” ne trouvent plus de sens à leur travail. En effet, il leur arrive de ne pas se sentir suffisamment valorisés dans leur poste. Ils peuvent aussi vouloir faire comprendre à l’entreprise qu’ils attendent autre chose au niveau de leur évolution et responsabilités. Avec l’inflation et les difficultés économiques, les salariés peinent parfois à obtenir une augmentation, ce qui accroît encore ce sentiment de manquer de reconnaissance. Parfois cette démarche est revendiquée comme une envie de défier le monde de l’entreprise ou juste par le fait d’assumer pleinement de privilégier sa vie personnelle avant tout. 

“Act your wage”, la nouvelle variante du “quiet quitting”

Venue elle aussi des Etats-Unis, cette variante du “quiet quitting” pourrait se résumer à “fais en autant que tu es payé”. Pas moins. Pas plus. Contrairement au “quiet quitting”, il n’y a pas de connotation négative ni de mécontentement ou de volonté de démissionner. Ce nouveau mouvement prône la transparence absolue. Un petit salaire signifiera un engagement modeste. Ici, il ne s’agit pas de travailler mal ou d’en faire le minimum, mais simplement de faire exactement ce pour quoi on a été embauchés. Les salariés iront donc vérifier leur fiche de poste pour ne pas accepter de missions qui sortiraient de leurs attributions. Ils pourront aussi refuser des réunions tardives ou le fait de répondre à des emails en dehors de leurs horaires de travail. 

Nous voyons bien que ces nouvelles tendances concernent de plus en plus de salariés et notamment les jeunes. Ce n’est malheureusement pas uniquement un phénomène de mode amplifié par les réseaux sociaux. Ce discours fait d’autant plus d’écho face à cette période d’inflation galopante et de stagnation des salaires.  C’est aussi une alerte de la part des salariés pour faire réagir les dirigeants et leur faire comprendre que l’ancien modèle n’est plus adapté aux jeunes générations, qu’il est important d’évoluer dans la manière de recruter, manager, faire évoluer son entreprise.