SAVE THE DATE : Vente aux enchères des Architectes de l’Urgence
La prochaine Vente aux enchères caritative de la Fondation des Architectes de l’Urgence aura lieu le 3 décembre prochain à 19h, à la Maison de…
De passage à Paris ou de retour après les vacances ? Nous vous proposons une sélection d’expositions à visiter à Paris au mois d’août !
Le musée Cernuschi nous propose un voyage sur la route du Kisokaidō, l’une des cinq voies du réseau routier crée au Japon durant l’époque Tokugawa (1603-1868). Elle reliait Edo, l’actuelle Tokyo où le shogoun résidait, à Kyoto, siège de l’empereur. Soixante-neuf relais permettaient aux voyageurs de se reposer sur cette longue route qui traversait des paysages montagneux aux cols escarpés. Entre 1835 et 1838 le Kisokaidō est l’objet d’une série d’estampes réalisée par Eisen (1790-1848) et achevée par son contemporain, Hiroshige (1797-1858). Les deux séries rencontrent un grand succès, si bien que Kunisada (1786-1865) puis Kuniyoshi (1797-1861) proposent leur version. Le parcours est organisé en deux grandes sections: l’une est consacrée aux séries complètes du Kisokaidō signées par Eisen et Hiroshige, provenant de la collection Georges Leskowicz et l’autre met en valeur la série réalisée par Kuniyoshi, qui appartenait à l’ancienne collection de Henri Cernuschi et qui est dévoilée au public pour la première fois.
L’exposition nous permet de découvrir toute la richesse iconographique de ces paysages et des voyageurs qui utilisaient cette route au XIXème siècle. Eisen et Hiroshige mettent en valeur la beauté des paysages japonais et les variations de la nature, selon les principes de l’ukiyo-e. Kuniyoshi adopte un point de vue différent, où l’humour est très présent. Il privilégie des sujets s’inspirant de la littérature classique, du théâtre des marionnettes, du kabuki et du nō, ainsi que des légendes du folklore japonais. Le lien entre les scènes représentées et les relais de la route du Kisokaidō qui sert de décor est rarement évident. L’exposition porte un intérêt tout particulier au fonctionnement de l’édition dans le Japon du XIXème siècle, elle présente de manière très pédagogique les techniques de la gravure et des objets (armure, boite à calligraphie ou katana) font écho avec les oeuvres présentées.
La Bibliothèque nationale de France propose une exposition autour de l’ensemble de la Master collection de Henri Cartier-Bresson. En 1973, les amis et collectionneurs du photographe Dominique et John de Ménil lui demandent de sélectionner les clichés les plus emblématiques de sa carrière. C’est une époque où Cartier-Bresson délaisse la photographie pour revenir à sa première passion, le dessin. Il choisit 385 clichés qui sont tirés à six exemplaires dans un laboratoire à Paris. Tous les tirages sont sur le même format, 30×40 cm ce qui uniformise toutes les images. Cette sélection fait l’objet d’expositions aux Etats-Unis et également d’une parution, outil de référence pour appréhender l’art du photographe. Les six jeux de tirages sont aujourd’hui conservés au Victoria&Albert Museum de Londres, à l’University of Arts d’Osaka, à la Menil Collection de Houston, à la Fondation Henri Cartier Bresson, à la Pinault Collection et à la Bibliothèque nationale de France. Les trois dernières institutions ont prêté leurs oeuvres pour cette exposition. Aucun autre tirage de l’ensemble de la Master Collection n’a été réalisé depuis 1973.
La Bibliothèque nationale de France a fait le choix audacieux de ne pas proposer un panorama de l’ensemble de cette collection, mais de confier le commissariat à cinq personnalités invitées: le collectionneur François Pinault, la photographe Annie Leibovitz, l’écrivain Javier Cercas, le réalisateur Wim Wenders et la directrice du département des estampes et de la photographie de la BNF, Sylvie Aubenas. Chacun a été libre de sélectionner une cinquantaine de clichés parmi ceux tirés pour la Master collection et de réaliser la scénographie qui leur semblait la plus adéquate. Aucun d’entre eux ne connaissait les choix de contenu et d’accrochage des autres. Ainsi chaque présentation est une exposition en soi: François Pinault privilégie une scénographie de type galerie en white cube épuré; chez Wim Wenders on retrouve un aspect très cinématographique avec un travail sur la lumière et une segmentation de l’espace par des arches, Annie Leibovitz évoque son rapport et ses liens au maitre, Sylvie Aubenas est plus dans l’analyse et Javier Cercas laisse les oeuvres parler d’elles-même. Il est très amusant de remarquer les clichés sélectionnés à plusieurs reprises, les axes privilégiés par chacun, et de se plonger dans ces cinq univers pour se délecter des oeuvres d’Henri Cartier-Bresson. Cette exposition nous rappelle avec maestria, que la sensibilité du commissaire est partie prenante d’une exposition. Celle-ci est le fruit de son époque, et ici plus que jamais la sélection et la scénographie nous en dévoilent autant sur l’exposé que sur l’exposant.
Le muséum d’histoire naturelle de Paris a prolongé l’exposition Pierres précieuses qui s’intéresse autant à la minéralogie qu’à la gemmologie et à la joaillerie. Plus de 500 minéraux, gemmes et objets d’art du muséum, de collections publiques et privées sont mis en résonance avec 200 gemmes et créations joaillières de la Maison Van Cleef et Arpels. L’approche est scientifique, mais également esthétique puisque nous plongeons aux origines de la Terre pour découvrir le processus de formation des diamants, rubis, émeraudes, aigues-marines et autres pierres précieuses ou semi précieuses puis nous en contemplons leur éclat avant de découvrir des créations réalisées par la main de l’Homme à partir de ces merveilles naturelles. L’exposition s’attache également à la portée symbolique de chaque pierre et rappelle que les gemmes ont toujours été considérées comme des instruments de pouvoir et des objets de séduction.
Le parcours est chronologique et thématique et s’organise en trois axes. Nous découvrons la formation originelle des minéraux et leur emploi par l’Homme, puis nous nous intéressons aux phénomènes naturels que subissent pierres, roches et cristaux dans les entrailles de la Terre avant que l’Homme n’en fasse des joyaux. Une quarantaine de pierres sont ainsi présentées avec pour chacune les trois phases: minéraux bruts, gemmes façonnées et enfin bijoux de haute joaillerie. La troisième partie de l’exposition rappelle l’importance que Paris a toujours tenu pour la minéralogie et pour la joaillerie. Cette exposition entre histoire, science et art propose des allers retours constants entre la nature et l’œuvre.
L’exposition du musée national de l’histoire de l’immigration au Palais de la Porte Dorée s’inscrit dans la saison Africa 2020, dédiée au patrimoine du continent africain. Elle s’intéresse tout particulièrement à la diaspora africaine et interroge la part de l’héritage culturel chez une génération d’artistes qui ont quitté leur pays et qui créent dans un autre univers de références culturelles. Comment s’opère la transmission de savoirs et de savoir faire, des traditions, des rituels et des objets à une époque de globalisation et de mondialisation ? L’exposition présente le travail de dix-huit artistes. Plusieurs notions sont abordées: la question de l’héritage culturel et de liens entre les générations, la problématique des frontières et des migrations et enfin la perte et les limites de la diffusion et de la transmission.
Le parcours s’organise autour de trois idées: « Transmissions de mémoire », « Omissions et ruptures » et « Nouvelles écritures ». Les œuvres sont très variées: vidéos, photographies, installations, peintures, textiles, arts graphiques, sculptures; elles sont poétiques, allégoriques ou engagées. Elles ne répondent pas au cliché habituel de l’identité visuelle souvent associée aux productions africaines d’un art riche en couleurs.
Au musée de la vie romantique, c’est une thématique emblématique de l’univers romantique qui est mise en lumière: les tempêtes et les naufrages. La mer, violente et sauvage, fait écho aux tourments intérieurs des artistes. Les éléments déchaînés sont le prétexte à une exacerbation des sentiments: effroi, courage ou admiration de la force de la nature. Le parcours s’organise en trois temps: nous remontons aux sources de la représentation de la tempête, puis nous sommes plongés au plein cœur des éléments avant de faire le constat des dégâts et de découvrir les épaves et les naufragés. Tout au long du parcours, les liens avec la production littéraire de l’époque sont soulignés. Le thème de la tempête a toujours suscité l’intérêt des artistes, mais au XVIIIème siècle, le développement du commerce et des voyages marins vont de pair avec des représentations de plus en plus courantes. Les sujets sont alors souvent issus de la Bible: l’homme est démuni face à la nature toute puissante. Joseph Vernet, peintre de Louis XV fait partie des artistes à faire des marines un genre un part entière. A la fin du XVIIIème siècle, de nombreux récits littéraires évoquent des tempêtes et des naufrages, tels que Le roi Lear de Shakespeare ou Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernadin de Saint-Pierre dont l’illustration permet aux artistes de se confronter à ce thème. Au XIXème siècle, les artistes quittent les côtes pour nous plonger dans les flots vrombissants. Les mâts des voiliers se brisent chez Théodore Géricault ou Eugène Isabey; le ciel et la mer se fondent dans des oeuvres pré impressionnistes chez Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind; la sauvagerie et la matérialité des éléments déchaînés sont explorés chez le naturaliste Gustave Courbet. La dernière salle évoque les naufragés, les pilleurs d’épaves et les femmes noyées, allongées nues sur le sable dans des poses au fort potentiel érotique. Cependant l’accent mis sur les veuves éplorées et les orphelins démunis, insiste plus sur la tragédie humaine que sur la violence des sentiments: le romantisme cède petit à petit le pas au sentimentalisme dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
La scénographie de cette exposition est particulièrement élégante et la lecture des passionnants cartels, tous commentés nous permettent de nous immerger dans le récit palpitant et dévastateur de la tempête.
Le musée Marmottan-Monet met en valeur un peintre peu connu en France, Peder Severin Krøyer, qui est pourtant l’un des grands noms de la peinture danoise. Soixante-dix tableaux nous permettent de découvrir ce contemporain de Vilhelm Hammershøi. Le parcours suit une logique chronologique, cependant les œuvres sont présentées par thème. Peder Severin Krøyer se forme à l’académie danoise royale des arts à Copenhague puis suit des cours à Paris. Il retourne au Danemark, où il assoit sa réputation et participe à des salons. Il continuera de voyager à Paris ou en Italie, mais il partage essentiellement son temps entre Copenhague et Skagen, colonie d’artistes située en bord de mer. Il réalise de nombreuses études ou petits formats sur le vif qui donnent naissance une fois en atelier à de grandes compositions à l’huile. Elles ont pour sujet les travailleurs de la mer. Il privilégie dans ces œuvres, une heure particulière, l’heure bleue: entre chien et loup, le bleu du ciel se fait plus intense alors que la nuit est encore claire. La lumière est alors très spécifique et dessine les ombres des silhouettes. Dans beaucoup de compositions, les personnages ne sont plus que devinés, parfois simplement par la présence de traces de pas. Les contrastes entre le sable blond, la mer et le ciel aux teintes envoûtantes de l’heure bleue sont les sujets véritables de ces toiles qui assureront la renommée de Peder Severin Krøyer. Lors d’un séjour en Italie, il peint des tableaux représentants des baignades d’enfants où la joie de vivre, la jeunesse et les plaisirs de l’été sont particulièrement mis en valeur. Cette série aura un grand succès et marquera toute une génération de peintres, dits vitalistes au Danemark.
Peder Severin Krøyer réalise également des portraits de sa femme, de sa fille ou de leurs amis de la communauté de Skagen. Il répond à des portraits de commandes de riches industriels danois. L’exposition s’intéresse aux différents sujets de ses toiles au fil des ans. Elle replace Peder Severin Krøyer dans la génération de peintres naturalistes, de la fin du XIXème siècle, formés par des académies en atelier, mais qui pratiquent le plein air.
Au musée de Montmartre, c’est le lien entre le peintre Raoul Dufy et la capitale qui est mis en valeur. Lorsque le jeune artiste normand arrive à Paris, il s’installe à Montmartre d’où il contemple le panorama parisien. Il fait des monuments de la capitale un motif récurrent dans ses œuvres. En dix sections thématiques, le parcours de cette exposition explore les représentations de Paris sur les différents supports auxquels s’essaye l’artiste: peinture, aquarelle, gravure ou tapisserie. On découvre la ville lumière grâce à ses yeux, de jeune provincial émerveillé par les monuments et l’ambiance de la grande ville, puis nous apercevons l’architecture typique des immeubles depuis la fenêtre de son atelier et nous nous promenons dans les rues plus confidentielles du quotidien de l’artiste. En 1922, il répond à une commande de la Manufacture de Beauvais pour imaginer un tissu d’ameublement. Dans cet ensemble, intitulé le salon de Paris, il rend hommage aux grands monuments de la capitale: Tour Eiffel, Opéra, Invalides, etc… Il choisit également Paris pour motif d’un panorama, objet en vogue au milieu du XIXème siècle qu’il réinterprète dans son style pour nous proposer une vue imaginaire de la capitale. Il s’intéresse aux paysages parisiens et remplit ses carnets de vues de grilles, d’allées, de parcs parisiens qui donnent parfois lieu à des compositions en atelier. Dufy représente également les canotiers, loisir à la mode, les sorties au Bois de Boulogne et les parcs aux alentours de Paris. Pour l’Exposition Internationale de 1937, il réalise une fresque pour le Pavillon de la Lumière, la Fée électricité qui rend hommage aux scientifiques qui ont permis l’accès à ce progrès, clé de la modernité. Dufy est également un artiste parisien, puisqu’il est très impliqué dans la création de motifs pour l’industrie de la mode aux côtés du couturier Paul Poiret. De nombreux croquis pris sur le vif témoignent de la vie parisienne de l’époque, de réceptions ou d’événements officiels comme les funérailles du président Painlevé au Panthéon. L’exposition se clôture avec une tapisserie tissée à Aubusson représentant les toits de Paris et la Tour Eiffel dans un panorama imaginaire, caractéristique des motifs parisiens que Dufy ne cesse de réinventer.
Et retrouvez aussi notre article sur l’exposition Edition limitée au Petit Palais, à voir avant le 29 août 2021 !
Article rédigé par Amélie Hautemaniere – Photos de l’auteur.
Suivez notre compte Instagram « myarchibat » pour découvrir de nouvelles expériences artistiques et architecturales !