Afin de faire face à la crise économique liée au Covid, deux visions s’affrontent : ceux qui prônent le travail supplémentaire pour pallier la crise sanitaire et ceux qui, au contraire, conseillent de passer à la semaine de 32 heures. Le temps de travail est en effet un sujet très sensible et apparaît comme un véritable facteur d’ajustement pour sortir de la crise économique actuelle.

Depuis peu, un débat est remis au goût du jour en France et dans plusieurs pays : la semaine de quatre jours. Réduire le temps de travail hebdomadaire est une théorie déjà mise en pratique dans de rares entreprises françaises, et semble faire ses preuves. En juin dernier, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern est la première à avoir remis le sujet sur le tapis : les entreprises pourraient mettre en place la semaine de quatre jours, pour un week-end de trois jours. Les Néo-Zélandais participeraient alors à la relance du tourisme, secteur clé de l’économie du pays.

Bien-être et meilleure productivité

Une entreprise néo-zélandaise avait déjà mis en place le travail hebdomadaire réduit dès 2018 : Andrew Barnes, dirigeant de la société Perpetual Guardian, avait décidé de tester pendant plusieurs mois la semaine de quatre jours, sans diminuer le salaire de ses 240 salariés, ni augmenter leur charge quotidienne.

Cette expérience a été observée par des chercheurs de l’université d’Auckland, qui ont constaté une productivité inchangée et une hausse du sens des responsabilités de 5 %. De plus, 78 % des salariés estiment désormais pouvoir davantage concilier vie professionnelle et vie personnelle, ce qui augmente leur bien-être au travail et leur fidélité à l’entreprise. À la suite de cette expérimentation, le PDG a fondé 4 day week global, une organisation à but non-lucratif qui encourage les chercheurs, les responsables politiques et les entrepreneurs à se pencher sur la semaine de quatre jours.

La branche japonaise de Microsoft a également mené sa propre expérience en 2019. Selon l’entreprise, les résultats sont très positifs : la productivité des 2 300 salariés du département nippon aurait alors augmenté de 40 %. Les employés se seraient également révélés plus économes, réduisant leur quantité d’impressions ainsi que leur consommation globale d’électricité.

Aux États-Unis, la chaîne de fast-food Shake Shack rejoignait le mouvement en mars 2019, avec pour objectif d’attirer et de fidéliser les employés, dans un secteur où le taux de turnover est extrêmement fort.

L’entreprise LDLC conquise par la semaine de quatre jours

Sur la semaine de quatre jours, la France reste toutefois à la traîne. Pourtant, de rares entreprises l’expérimentent déjà, comme le spécialiste de la vente en ligne d’équipements informatiques LDLC, qui s’est inspirée du modèle de Microsoft pour améliorer sa productivité. D’ici 2021, la société devrait offrir à ses salariés de passer à 32 heures travaillées sur quatre jours, sans pour autant renoncer aux augmentations de salaire.

Laurent de la Clergerie, PDG du groupe français, affirme que cette décision est indépendante de la pandémie, et se dit conquis par ce mode de travail pour les salariés. « Je suis convaincu que donner un jour de plus aux équipes, afin qu’elles puissent faire tout ce qu’elles n’ont pas eu le temps de faire dans la semaine, tout en bénéficiant d’un vrai week-end en famille, permettra d’améliorer leur efficacité », avait indiqué le dirigeant lors d’un entretien au Monde.

Autre exemple : les quinze salariés de la PME toulonnaise Je Porte Mon Bébé travaillent un jour de moins depuis 2017 sans que l’activité n’en souffre, selon le PDG Olivier Sâles. Toutefois, le dirigeant instaure ce système uniquement pour la période d’été. « On perdrait ce contraste entre les différentes périodes de l’année, ce serait dommage. Travailler un cinquième jour par semaine l’hiver nous donne du temps pour prendre du recul sur certains dossiers et de respirer » argumente-t-il.

Pour l’instant, la semaine de quatre jours reste une expérimentation et semble être encore une douce utopie en France… Mais, avec la crise économique actuelle, cette solution pourrait bien être envisagée à l’avenir. Affaire à suivre !