Bastien Beaubat a vécu plusieurs années en Australie pour étudier la finance et vivre ses premières expériences professionnelles en promotion immobilière. En rentrant en France, il porte un regard analytique sur la fabrique des territoires et du cadre bâti. Portrait d’un responsable de promotion immobilière qui défend une vision innovante et écologique de son activité.

Une professionnalisation construite entre la France et l’Australie

Après avoir étudié le droit à Lille, Bastien Beaubat pensait partir 6 mois en Australie pour apprendre l’anglais. Il découvre un pays où tout lui semble réalisable, et y passe finalement 6 ans. En conjuguant travail et études, il valide une licence en Management de Projets puis un Master en finance. Il devient responsable de projets chez Toto Group ; son rôle consiste à conseiller des promoteurs locaux et étrangers sur des opportunités foncières, des marchés immobiliers australiens, et à gérer les relations entre investisseurs, banques, commerciaux et constructeurs. De retour en France en 2015, il travaille à Paris en tant que gestionnaire d’actifs chez Intériale Mutuelle.

Les expériences vécues à Brisbane font découvrir à Bastien Beaubat un environnement où immobilier et innovations sont étroitement liés. La responsabilité environnementale sociale et économique des entreprises de la promotion immobilière et l’utilisation du Building Model Information sont tout à fait intégrées aux pratiques et aux codes du travail. L’acte de construire est réalisé en faveur de la nation australienne, d’un développement global, et moins d’une entreprise ; aussi les densités d’opérations sont acceptées, les tours à usages mixte de bureaux, d’habitation, de résidences gérées sont pratique courante tandis qu’elles peinent à sortir de terre sur le sol français.

Depuis 2017, il exerce chez ADN PATRIMOINE à Bordeaux d’abord en tant que responsable développement, puis responsable promotion immobilière. Il enseigne à l’ESPI depuis 2019 au sein du Mastère Aménagement et Promotion Immobilière (MAPI) les cours de montage d’opérations résidentielles et d’économie internationale et investissement immobilier.

Le promoteur immobilier, partenaire des architectes

Figure 1 – Projet Bukolia réalisé à Cornebarrieu, proche Toulouse par ADN PATRIMOINE, architecte : Raphael Gabrion

Le quotidien de Bastien Beaubat consiste à développer des programmes d’habitat de qualité. Il rencontre des acteurs institutionnels, économiques, des riverains, organise des missions de terrain, de la prospection à la concertation. Son entreprise est composée d’une 20e de salariés à Toulouse, et en cours de développement à Bordeaux avec 4 salariés. Son travail est de porter la vision d’un projet et de s’entourer des meilleures partenaires possibles. Sa relation avec l’architecte se doit d’être franche et directe. Il n’y a pas de place aux non-dits. Le promoteur attend de l’architecte d’être force de proposition. 4 facteurs déterminent l’aboutissement d’une opération selon Bastien : un marché porteur, une commercialisation réussie, un bilan économique équilibré et le respect de la volonté des élus. 

« Sans architecte il n’y a pas de projet, et il n’y a pas de projet sans promoteur. Les deux professions doivent garder à l’esprit qu’elles tendent vers le même objectif. »

Quel avenir du promoteur et de l’habitat ?

Du point de vue de Bastien Beaubat, le promoteur du futur devra tendre vers une protection renforcée de l’environnement. Pour cela il utilisera majoritairement des matériaux biosourcés, et mobilisera des procédés de fabrication hors-site (préfabriqués) : « on ne verra plus de grues pour l’assemblage, que des bétonnières ». Les erreurs et les nuisances seront ainsi réduites, et le temps de construction accéléré. Plus que consommateur, le logement deviendra producteur d’énergie. L’artificialisation des sols devra être limitée, et « les constructions devront monter plus haut, il faut s’y résoudre. J’espère que les mentalités évolueront en ce sens ». De fait, ADN PATRIMOINE privilégie l’habitat groupé, et du vertical en centre urbain. L’habitat sera évolutif, il s’adaptera mieux aux changements sociaux et à l’évolution de la famille. La domotique participera à mieux répondre aux usages, et bénéficiera à des ensembles résidentiels (surveillance, chauffage, services livraison). Les majors de la promotion sont déjà à l’œuvre. Enfin, la place des usagers sera plus centrale encore dans le processus d’élaboration des projets, ce pourquoi il lui semble nécessaire de former au mieux les futurs acteurs du cadre bâti aux techniques, à l’économie ainsi qu’aux sciences humaines et sociales.

Figure 2 – Projet Bukolia réalisé à Cornebarrieu, proche Toulouse par ADN PATRIMOINE, architecte : Raphael Gabrion

Portrait réalisé par Laura Brown, chargée de recherche et d’enseignement à l’ESPI Bordeaux. Associée au laboratoire ESPI2R, PAVE, EnsapBx, CED, Université de Bordeaux. L’entretien a été réalisé dans le cadre d’une recherche collective portée par une équipe d’enseignants-chercheurs d’ESPI2R sur les mutations des professions immobilières.