Une maison-nature au coeur de Singapour
Cette maison contemporaine de 4 chambres, conçue par l’agence Ming Architects, a été réalisée pour une famille avec des enfants. Le lien avec la nature…
Avec sa double casquette d’architecte et d’architecte d’intérieur, Lauren Boulay, 36 ans, a fait le tour du globe. Influencée par l’architecture du Japon, où elle a vécu une partie de son enfance, elle propose depuis 2015, dans sa propre agence, des projets alliant nouvelles technologies et développement durable. Décoration d’intérieur, fabrication de mobilier, rénovation énergétique, réemploi de matériaux… Pour répondre aux enjeux actuels, les jeunes architectes décloisonnent les disciplines et les approches, interrogeant leur rôle social.
ArchiBat : Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez “fabriqué” de l’architecture ?
Lauren Boulay : J’ai toujours voulu faire ce métier ! Les cinq premières années de ma vie, nous étions en Allemagne, où l’éducation en maternelle se fait beaucoup en extérieur. Assez vite, j’ai donc été amenée à utiliser une boîte à outils pour construire des cabanes dans les arbres, puis la passion des Lego m’a conduite à construire des “villes”… J’ai aussi collectionné les boîtes à chaussures de mes parents pour en faire des “logements”. Pour les maquettes, je piquais le matériel de mon père, designer automobile, qui m’emmenait parfois avec lui au bureau, c’était le paradis. Après l’Allemagne, j’ai par ailleurs vécu neuf ans à Tokyo, une expérience extraordinaire qui m’a énormément influencée dans ce choix de métier. Les quartiers étaient toujours en mouvement, il suffisait de partir en été durant les vacances scolaires pour être déboussolée à la rentrée puisque de nouvelles tours avaient été construites en deux ou trois mois seulement.
Avant même l’obtention de votre diplôme en architecture d’intérieur à Penninghen, c’est précisément au Japon que vous vivez vos premières expériences professionnelles. Que vous ont-elles apporté ?
Ces stages ont été très intéressants au niveau de la discipline et de la méthode de travail. Ils m’ont aussi beaucoup appris sur l’exploration et sur le wabi-sabi, un concept esthétique qui désigne la beauté des choses imparfaites. Dans cet esprit, on peut conserver le petit défaut ou l’accident pour créer un projet fort, moins attendu, en utilisant des matières naturelles, ce qui donne un côté intemporel. Le Japon est capable de se développer de manière technologique tout en gardant un ancrage dans l’architecture ancienne, ce qui en fait un véritable laboratoire d’architecture. Il y a d’ailleurs beaucoup d’innovations et de techniques de construction intéressantes à prendre en compte pour aménager et créer de l’architecture durable aujourd’hui.
Pourquoi avoir choisi de compléter votre formation d’architecte d’intérieur en intégrant l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris en 2012 ?
L’un ne va pas sans l’autre, il faut pouvoir comprendre ces deux domaines qui ne font qu’un, et ainsi penser à l’extérieur en même temps qu’à l’intérieur. Après quelques années chez Foster à Londres, nous avions monté notre propre agence avec des amis, faisant nos griffes sur des projets d’extension de maisons londoniennes. Nous étions amenés à faire des plans, des propositions de permis de construire, etc. Il est alors devenu intéressant pour moi d’aller chercher ce second volet en tant qu’architecte pour être plus complète dans ma façon de travailler. Pendant deux ans, j’étais donc partagée entre Londres où je travaillais à l’agence et Paris, où j’étudiais. J’ai enchaîné à Paris-Malaquais puis au sein de la Maison Edouard François pour obtenir mon habilitation à la maîtrise d’œuvre.
Le fait d’être une femme dans ce milieu encore plutôt masculin a-t-il affecté votre parcours ?
Cela se ressent surtout sur les chantiers où nous sommes confrontées à des préjugés en tant que femmes. Quand j’étais chez Foster à Londres, puis chez LBMV, je travaillais avec des architectes et des ingénieurs d’origine étrangère, c’était un vrai melting-pot, si bien que le côté international l’emportait sur le côté hommes-femmes. Je l’ai beaucoup plus ressenti quand je suis revenue en France.
En 2015, vous créez votre propre structure, Lauren Boulay Design & Architecture. Pourquoi avoir choisi de vous mettre à votre compte ?
Mes précédentes expériences m’avaient donné envie de réaliser mes propres projets d’architecture. J’avais envie de proposer des projets nouveaux et singuliers qui reflètent mon parcours international et qui mettent en avant la qualité de l’espace, alliant nouvelles technologies et développement durable.
Vous deviez partir au Sri Lanka pour devenir “Creative Director” de Balmond Studio à Colombo mais votre contrat a été annulé suite aux attentats d’avril 2019. L’époque, marquée par la menace terroriste et désormais par le Covid-19, permet-elle encore de développer un parcours international ?
Oui, il ne faut surtout pas se freiner, au contraire ! Il faut continuer à explorer le monde car il demeure une source d’inspiration inépuisable. Si on arrête ça, on va droit dans le mur. A Penninghen, où j’ai enseigné pendant deux ans, j’encourageais d’ailleurs mes étudiants à le faire. L’ouverture d’esprit est primordiale dans ce domaine qui nous demande d’être ingénieur, sociologue, anthropologue… Avoir des expériences à l’international, c’est chercher des informations qu’on ne peut obtenir qu’en les vivant soi-même.
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