L’architecte Tsukasa Ono a imaginé ce projet sur l’île Yakushima au Japon pour cohabiter harmonieusement avec la nature et promouvoir la régénération des sols grâce à la culture des champignons et des bonnes bactéries. La communauté Sumu Yakushima a donc vu le jour. Composée de huit copropriétaires, elle est implantée sur une colline avec une vue sur la mer. 

Tsukasa Ono a développé ce concept avec des amis pendant le confinement dû à la pandémie. “Nous vivions temporairement chez mon ami sur cette île de Yakushima, se souvient l’architecte, et nous avions commencé à réfléchir sur un petit projet de ce type, simplement, c’était tellement intéressant qu’il est petit à petit devenu plus important et nous avons invité d’autres amis à y participer”. 

Le terrain sur lequel est bâti l’habitat appartient à l’un des membres de l’équipe. L’agencement des bâtiments a été déterminé selon la position des arbres déjà existants, des cours d’eau ainsi que d’autres facteurs environnementaux propres à la spécificité du terrain. Le but est de minimiser l’impact de la construction sur l’environnement, un principe que Tsukasa Ono appelle “l’architecture régénératrice” et qui consiste à repenser la relation entre l’habitation humaine et la nature. 

Cette approche allie la construction traditionnelle Japonaise avec les technologies contemporaines afin de créer des bâtiments qui s’adaptent à leur environnement et permettent la croissance des plantes et des micro-organismes. La maison est nichée au cœur de la forêt existante et elle est construite en surélévation pour que l’air puisse circuler des collines jusqu’à la mer. 

Des bûches de bois à la surface calcinée ont été semi enterrées en dessous des fondations de chaque bâtiment. Sur ce bois carbonisé grandissent des filaments fongiques appelés mycélium, ce qui favorise la croissance des racines et permet de redonner vie au sol. 

Tsukasa Ono est un spécialiste de l’utilisation des bonnes bactéries en architecture et croit fermement que l’implantation réfléchie de ces microorganismes enrichit la nature tout en rendant les habitations plus robustes et confortables. 

“La méthode de construction régénératrice à Sumu Yakushima garde les microorganismes du sol vivants, remarque-t-il, tout en activant les bactéries, ce qui permet à la construction de coexister de façon harmonieuse avec le système naturel. En faisant cela, nous changeons l’environnement de façon positive”. 

L’architecte a utilisé un enduit fermenté pour les murs intérieurs. Les sols sont fabriqués en mélangeant du charbon avec un certain type de bactérie. L’enduit et le sol ont été spécialement étudiés pour que l’environnement intérieur soit stable, évitant ainsi les moisissures et les bactéries en putréfaction. 

La maison Sumu Yakushima présente des espaces de vie confortables, hermétiques et très bien isolés, ce qui permet de minimiser l’utilisation du chauffage ou de la climatisation artificielle. Toute l’énergie nécessaire est générée par des panneaux solaires et stockée dans des batteries. Le bois local est utilisé pour le chauffage et la cuisine. 

Les bâtiments sont construits majoritairement en cèdre de Yakushima, un bois riche en huile, contrairement au cèdre provenant d’autres régions. Cela le rend adapté pour un usage extérieur dans ce climat humide et très pluvieux. 

Le site intègre plusieurs cabines connectées entre elles par des allées extérieures. Certaines cabines abritent le salon, la cuisine ou encore la salle à manger alors que d’autres sont utilisées pour des parties privatives telles que les chambres ou les salles de bain. 

De larges terrasses en bois permettent aux habitants de se sentir complètement plongés dans la forêt environnante et le fait de devoir sortir pour aller cuisiner ou se détendre au salon renforce cette connexion avec la nature. Les résidents adoptent un style de vie “écologique”, ils cherchent du bois pour le feu ou désherbent pour que l’air circule mieux. Selon l’architecte, ces tâches permettent de créer un esprit communautaire, mais aussi d’aider l’environnement naturel à prospérer tout en atténuant l’impact négatif de la construction. 

« Depuis la révolution industrielle, l’être humain a détruit et profité de la nature », conclut Tsukasa Ono.

« Si ce type d’architecture régénératrice se répand à travers le monde, je suis persuadé que notre planète se remettra très rapidement. L’idée la plus innovante, c’est de changer l’impact de l’architecture sur notre milieu afin de passer d’un impact négatif à un impact positif. »

Architecte et crédit photos : Tsukasa Ono

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