Changement climatique : 3 exemples d’écomatériaux conçus en Inde
En Inde, les différentes cultures et communautés sont en symbiose avec leurs écosystèmes. C’est ainsi que l’Art et l’artisanat indien reposent sur un lien puissant…
Ce tapis, baptisé Deepak, a été conçu par Kasturi Balotia, une tisseuse de Jaipur Rugs, dans le cadre du projet Manchacha. Celui-ci vise à promouvoir l’artisanat local en Inde et à favoriser l’autonomie des travailleurs du textile dans les régions rurales de l’Inde. Kasturi Balotia a créé ce design de tapis directement sur le métier à tisser en utilisant des chutes de fils qui auraient pu être gaspillés. Ce type de création artisanale locale, permet d’améliorer le statut social et économique des tisseuses tout en favorisant l’économie circulaire.
« Le changement vient toujours de la base et si nous ne cherchons pas à défendre la dignité de l’art et de ses artistes, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de durabilité auxquels nous aspirons » commente Chaudhary, fondateur de Jaipur Rugs, à l’initiative du projet. En permettant aux tisseuses de s’exprimer à travers leur métier, le projet Manchacha tend à renouveler l’engouement pour le tissage à la main afin de préserver cet artisanat pour les générations futures. Sur son tapis, Kasturi Balotia a immortalisé les champs de blé changeant au fil des saisons et a suggéré les traces d’une charrue à travers un motif en zigzag. Le tapis Deepak, qui signifie « source de lumière », est conçu à partir de 222 184 nœuds par mètre carré, chacun étant relié individuellement à la main. La confection du tapis aura nécessité deux mois de travail.
Selon le fondateur, ce projet social et solidaire est un « outil contre le patriarcat », puisque les femmes du pays acquièrent un statut à part entière et gagnent en notoriété au sein de leur communauté. En plus de favoriser l’autonomie des tisseuses et leur assurer un revenu régulier ainsi qu’une valorisation de leur savoir-faire, le projet Manchacha s’inscrit dans le développement durable en utilisant la soie, la laine, le coton, le jute et le chanvre.
Les chutes de tapis sont récupérées pour servir à la fabrication d’autres objets tissés. « L’industrie mondiale du tapis perd des milliards de dollars en fils gaspillés » affirme Chaudhary. « Les fils en excédant sont soit incinérés, soit directement jetés à la décharge. Sa réutilisation permet de réduire le gaspillage et rend la palette de couleurs de ces tapis aussi unique que leur design. »
Après avoir été nominée pour plusieurs prix, Kasturi Balotia a pris confiance en elle pour poursuivre ses créations. La nouvelle de ses nominations s’est répandue rapidement dans son village, lui permettant de s’élever dans sa position sociale au sein de sa communauté. Le tapis a notamment été sélectionné pour le prix Dezeen 2020 dans la catégorie design d’articles pour la maison. Le juge des Dezeen Awards a applaudi le projet, le décrivant comme « l’avenir du design » « Il s’agit d’une intervention remarquable qui, sans exagération, ni battage médiatique, fusionne la conception, l’artisanat et la production fondés sur l’équité et la durabilité » a-t-elle déclaré.