Une maison-nature au coeur de Singapour
Cette maison contemporaine de 4 chambres, conçue par l’agence Ming Architects, a été réalisée pour une famille avec des enfants. Le lien avec la nature…
A 30 ans, Samuel Ginsbourger est passé des agences d’architecture haut-de-gamme aux principes de la frugalité heureuse et créative qu’il applique avec passion, notamment dans le cadre de réhabilitations d’appartements parisiens. Décoration d’intérieur, fabrication de mobilier, rénovation énergétique, réemploi de matériaux… Pour répondre aux enjeux actuels, les jeunes architectes décloisonnent les disciplines et les approches, interrogeant leur rôle social.
ArchiBat : Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez “fabriqué” de l’architecture ?
Samuel Ginsbourger : La première fois que j’ai fabriqué quelque chose, c’était une réplique de la chaise Rietveld à échelle réelle. J’ai grandi au milieu de meubles conçus et fabriqués par mon père, menuisier autodidacte à l’époque, devenu praticien de médecine alternative. Grâce à sa patientèle, j’ai eu la chance de faire mes premiers stages en agence avant de passer mon bac. Après avoir étudié l’architecture, j’ai pris un temps une voie tangente vers l’architecture d’intérieur par envie de cultiver mon rapport au détail. Entre-temps, je me suis formé à la menuiserie pour assouvir un besoin de concrétude, puis je suis revenu à l’architecture, ma passion.
Comment travaillez-vous aujourd’hui ?
Poly-actif depuis 8 ans, je cumule un statut d’indépendant et de salarié. Depuis six mois, j’ai rejoint une agence intervenant dans le secteur public où j’accompagne la réhabilitation d’un conservatoire de danse et l’extension d’une salle de spectacles. Et ça tombe bien, parce qu’avant d’être architecte, la danse était au centre de ma vie. En parallèle, je travaille sur des rénovations d’appartements qui me permettent d’appliquer les principes que j’ai découverts au contact du mouvement pour une frugalité heureuse et créative en architecture.
Vous avez en effet signé le Manifeste pour une frugalité heureuse et créative dans l’architecture et l’aménagement des territoires, approuvé à ce jour par plus de 11 000 professionnels. Qu’est-ce qui vous a conduit à rejoindre ce mouvement ?
Je suivais de près l’un des co-auteurs du manifeste, et en 2019, j’ai participé aux 2e Rencontres du mouvement. Une question simple y a été soulevée : “Faut-il continuer à construire, à imperméabiliser les sols et à dépenser les ressources comme la société actuelle le fait dans les trois contextes principaux que sont la campagne, le périurbain et l’urbain ?”. Deux cents architectes se sont levés pour dire “non”, dans les trois contextes confondus. Je me suis dit, “il y a quelque chose qui se passe”, et je me suis senti à ma place.
Comment appliquez-vous concrètement la frugalité dans vos réalisations ?
Je suis pas mal de formations et de moocs orientés sur le réemploi des matériaux. J’y ai découvert des dispositifs que j’ai mis en œuvre dans les derniers projets que j’ai livrés, notamment en passant par une plateforme de sur-cyclage. Nous venons par exemple de changer 30m2 de parquet pour une somme dérisoire, avec du chêne massif qui sort d’un hôtel particulier de l’île Saint-Louis et qui, une fois poncé et retraité, a tous les aspects du neuf – sans les composés organiques volatiles ! – en plus des qualités de l’ancien. Ce sont des détails qui m’intéressent dans l’optique d’une conception raisonnée. Ils intéressent aussi grandement les clients et les entreprises, car ils permettent de réaliser des économies non négligeables pour une qualité meilleure, et de rentrer dans cette démarche de ne plus produire de neuf. Cependant, la filière n’en est qu’à ses débuts. Ces circuits marchaient très bien pour un appartement de 50m2, mais pour des tours de bureaux ou des ensembles de logements, je m’interroge.
Vous êtes en train de constituer votre candidature à l’école de Chaillot afin de démarrer un DSA Patrimoine. Est-ce pour vous orienter vers la restauration et la réhabilitation, grands enjeux de demain, que vous vous lancez dans cette formation ?
Oui, bien sûr, même si c’est déjà ce que je fais dans le cadre de rénovations d’appartements parisiens. J’aimerais beaucoup devenir architecte du patrimoine. Réussir à faire entrer ces dynamiques d’économie circulaire et de réemploi à une autre échelle dans le Patrimoine, ce serait donner plus de place à la résilience dans l’exercice de mon métier.
Cela pose la question du rôle social de l’architecte…
Je ne vois pas plus travailleur social qu’un architecte ! Nous sommes l’une des professions qui participent à mettre un toit au-dessus de la tête des gens et nous devrions tous, architectes, nous interroger sur les dynamiques que nous mettons en œuvre pour le rendre concret. Certes, l’architecture ne peut pas se faire sans certains moyens mais c’est à nous, en tant que prescripteurs, d’aller les chercher et de les guider. C’est ce que je fais aujourd’hui avec de petits appartements et je me prépare avec impatience à l’étape suivante.
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